Des roses à la Saint-Valentin ? Pas vraiment un cadeau pour la planète !
Publié : 14 février 2023 à 5h00 par Dolorès CHARLES
Crédit : Yann Launay
En ce mardi 14 février, jour de la Saint-Valentin, la tradition est d'offrir un cadeau à son amoureux-se, et les fleurs sont souvent le cadeau idéal, mais si vous pensez à la planète, préférez les renoncules ou les anémones aux roses ... et achetez "local" !
C'est la fleur star de la Saint-Valentin : la rose rouge, symbole de la passion amoureuse, est le présent classique à l'être aimé(e). Mais pour la planète, ce n'est pas forcément un cadeau. Le bilan écologique des roses de la Saint-Valentin a de quoi faire réfléchir, comme le souligne Tiphaine Turluche, fondatrice de l'atelier floral écoresponsable "Les Bottes d'Anémone", basé à Vannes, dans le Morbihan.
Préférez les fleurs locales !
Pour la Saint-Valentin, Tiphaine ne propose pas de rose à ses clients, et a expliqué pourquoi à Yann Launay : "En France, il y a neuf fleurs sur dix qui sont importées et en moyenne, elles parcourent 10 000 kilomètres entre la serre où elles sont coupées et la table basse dans le salon. Elles poussent au Kenya, en Éthiopie, en Équateur... et puis, il y en a aussi beaucoup qui poussent en Hollande ! On peut se dire que c'est mieux parce que c'est plus proche géographiquement mais en Hollande, ils ont un climat plus froid que le nôtre et ils utilisent des serres, qui sont chauffées et éclairées artificiellement jour et nuit pour simuler le climat, favorable à la croissance des rosiers, donc avec un coût énergétique terrible pour la planète et pour eux (facture). Demander des roses à la Saint-Valentin, c'est encourager des pratiques qui sont un peu destructrices pour les écosystèmes."
Titre :Tiphaine Turluche
Crédit :Yann Launay
La renoncule plutôt que la rose !
L'immense majorité des roses vendues en France à cette période de l'année ont parcouru des milliers de kilomètres, où alors elles ont poussé sous serres chauffées. De quoi leur préférer des fleurs françaises et de saison... Problème : les rosiers de plein air ou de serre froide ne fleuriront pas avant plusieurs mois. Pas de panique, il existe des fleurs françaises, et certaines cultivées dans l'Ouest, pour remplacer la rose du Kenya ou d'Equateur. Tiphaine Turluche vous conseillerait la renoncule, que l'on trouve chez les fleuristes, en ce moment :
"La renoncule, c'est une fleur qui peut venir avec plein de couleurs - du fushia, du rouge, du rose pâle, du orangé, du jaune, du pêche. C'est une fleur qui est un peu ronde, qui va s'ouvrir avec énormément de pétales... encore plus ronde et dodue qu'une fleur d'une rose. Elle a la particularité de durer vraiment assez longtemps au delà de deux semaines dans le vase, alors que des fleurs qui ont déjà voyagé 10 000 kilomètres, elles ont quelques jours dans les pattes ou dans les pétales.. et la renoncule du Var est fabuleuse... et en plus d'être belle et locale, elle dure."
Crédit : Yann Launay
Titre :Tiphaine Turluche
Crédit :Yann Launay
On ne force pas les végétaux artificiellement
En lieu et place des roses importées ou cultivées sous serres chauffées, vous pouvez aussi opter pour un bouquet de fleurs de l'Ouest : certaines sont déjà disponibles, comme celles que Tiphaine et son équipe font désormais pousser au Bono, près d'Auray. Les premières fleurs de la saison viennent tout juste de s'ouvrir : "ici, on a les toutes premières Anémone, des bottes d'anémone... trop belles, elles ont du fuschia, du violet, un tout petit peu de blanc, un tout petit peu de rouge. C'est magique parce que elles ont une petite fleur qui sort du col. Elles ont la tige qui danse un peu au fil des jours dans les bouquets. C'est ça aussi d'acheter des fleurs locales. On retrouve la magie de fleurs qui ne sont pas traitées et pas standardisées. On essaie vraiment de travailler avec des fleurs qui sont de saison... On ne force pas les végétaux artificiellement."
Titre :Tiphaine Turluche
Crédit :Yann Launay
Les fleurs françaises et de saison ne sont pas forcément plus chères que leurs concurrentes importées, les choses sont même en train de s'inverser, pour Tiphaine : "le prix d'une fleur importée et le prix d'une fleur française était le même déjà en 2020. Ce qui s'est passé depuis, c'est que le fret aérien a explosé, et comme 9 fleurs sur 10 sont importées et voyagent en avion, cela a un impact sur le coût des fleurs importées... et puis depuis quelques mois, cette année, il y a aussi le coût énergétique de chauffer des serres et de les éclairer artificiellement, qui fait aussi exploser le coût des fleurs pas de saison finalement. Je pense que très vite on va voir qu'une fleur de saison et française est beaucoup moins chère qu'une fleur importée."
Titre :Tiphaine Turluche
Crédit :Yann Launay
Après des décennies de baisse, le nombre de producteurs français de fleurs est reparti à la hausse, ces toutes dernières années. Pour savoir quelles sont les fleurs de saison, et où les trouver, rendez-vous sur le site internet du Collectif de la fleur française.