De Nantes à Lorient, ils ont manifesté contre le projet de loi Immigration !
Publié : 19 décembre 2023 à 8h24 - Modifié : 19 décembre 2023 à 8h28 par Dolorès CHARLES
Projet de loi Immigration, Lorient (56)
Crédit : Yann Launay
Alors que la Commission Mixte Paritaire (CMP) reprend ses travaux ce matin à 10h30, des associations appelaient à manifester hier soir dans les grandes villes de l'ouest pour défendre les droits des migrants. Ils étaient plusieurs centaines à dénoncer ce projet de loi Immigration actuellement discuté et débattu, à Lorient, Nantes ou Rennes.
Dans l'Ouest comme partout en France, de manifestations étaient organisées, hier soir (lundi 18 décembre), à l'occasion de la journée internationale des migrants, et alors même que la commission mixte paritaire venait de se réunir pour tenter d'établir une version commune du projet de loi immigration. Les manifestants dénoncent un projet de loi qui, quelle que soit la version finale, viendra porter atteinte aux droits des migrants. A Lorient, ils étaient près de 150, rassemblés dans le centre-ville, à l'appel d'une quinzaine d'associations.
L'AME remise en cause
Parmi les manifestants : Marion, travailleur social auprès de réfugiés, elle dénonce un projet de loi inhumain et retient tout particulièrement la remise en cause de l' aide médicale d'Etat : "le fait de supprimer l'AME - l'aide médicale d'Etat, le fait de l'avoir au bout de trois mois sur le territoire français, je trouvais déjà que c'était dur, mais là de la supprimer c'est réduire leur droit à la santé alors qu'ils ont un parcours migratoire derrière eux conséquent. On ne sait pas ce qu'ils ont vécu et en terme de soins, c'est inadmissible ! On est tous humains et dans dix ans, ce sera peut-être à notre tour, et nous serons amenés à migrer..." La réforme de l'Aide médicale d'Etat ne devrait pas figurer dans le projet de loi, mais dans une lettre adressée au président LR du Sénat, Elisabeth Borne s'est engagée à réformer cette Aide médicale d'Etat dès le début 2024.
Titre :Marion
Crédit :Yann Launay
"Ils regardent déjà s'il y a du travail et s'il y a une diaspora qui est déjà présente"
Pour Astrid, de la Ligue des droits de l'Homme, les propositions de ce projet de loi (notamment les restrictions d'accès à certaines prestations sociales) sont en grande partie déconnectées de la réalité du terrain et des logiques suivies par les migrants : "ils viennent là pour travailler. Le but est de vivre, et donc de travailler, ils ne regardent pas les allocations auxquelles ils auront droit. Ils regardent s'il y a du travail et s'il y a une diaspora qui est déjà présente. Ce n'est pas parce qu'on durcira encore l'accès à des allocations ou d'accès aux papiers qu'ils ne viendront pas, ce n'est pas la question."
Projet de loi Immigration - Lorient (56)
Crédit : Yann Launay
Titre :Astrid, de la Ligue des droits de l'Homme
Crédit :Yann Launay
Ce texte "ne réduira pas le nombre de migrants"
Pour de nombreux manifestants, ce projet de loi compliquera la vie des migrants, développera la précarité, mais n'atteindra pas son objectif, il ne réduira pas le nombre de migrants. Laure, membre de la Cimade (association d'aide aux migrants, réfugiés et déplacés), en est convaincue : "l'immigration est aussi vieille que le monde, et ce n'est pas avec des textes qu'on va la réduire. On ne quitte pas son pays par plaisir, surtout quand on décide d'aller au Canada ou en Nouvelle-Zélande pour bosser ou quand nos gamins décident d'aller étudier ailleurs. Les personnes qui quittent leur pays, elles le quitteront quelles que soient les conditions d'accueil, et la France ne le comprend pas.
On est la quatrième puissance du monde, on a la capacité d'accueillir dignement les personnes. Ce qu'on a fait pour les Ukrainiens, on l'a fait, on l'a mis en place - alors c'est loin d'être parfait - mais si on a pu le faire pour les Ukrainiens, pourquoi est-ce qu'on ne peut pas le faire pour les autres ?"
Titre :Laure, membre de la Cimade
Crédit :Yann Launay
"Aujourd'hui, on est l'un des pays qui accueillent le moins, et le moins bien"
Pour Laure, la France n'a peut-être pas vocation à "accueillir toute la misère du monde", pour reprendre les célèbres mots de Michel Rocard, mais elle doit prendre sa part, une part trop modeste à ses yeux : "on est un pays riche, et la France doit participer à l'accueil des personnes qui fuient leur pays, quelle que soit la raison. Aujourd'hui, on est l'un des pays qui accueillent le moins et le moins bien. Il est peut-être temps de se poser et de se dire comment on peut faire pour accueillir ces personnes dignement. Cela marche quand des communes s'y mettent, en accueillant des familles, elles mettent le paquet pour faire en sorte qu'elles soient bien chez nous, cela donne de superbes histoires de partage."
Titre :Laure membre de la Cimade
Crédit :Yann Launay
Les 14 parlementaires de la CMP reprennent l'examen du texte ce matin à 10h30 à Paris, après une suspension de séance hier soir et des désaccords entre la majorité présidentielle et le camp LR.