Cop 26 : une maison bioclimatique conçue à Ploemel

Benoît a construit lui-même sa maison à ossature bois de 150 m2, il y a trois ans à Ploemel. L'idée n'était pas seulement de réaliser une maison basse consommation, mais de limiter l'impact écologique de chacun des matériaux utilisés. Le bois utilisé est français, et l'isolant, de la ouate de cellulose (du papier journal recyclé), vient de Morlaix. La maison est percée de larges baies vitrées, au rez-de chaussée comme à l'étage, pour capter le rayonnement solaire :

"Ce type de maison doit être au maximum orientée au sud. 70% du chauffage de l'année, c'est de l'apport solaire passif. Ensuite, la stratégie, c'est de garder ces calories dans la maison. Pour ça, une très bonne isolation, mais ce n'est pas tout : il faut aussi avoir de l'inertie dans une maison, avoir des matériaux à l'intérieur qui vont garder ces calories, comme ce mur en terre crue qu'on voit ici : la terre crue a cette capacité d'emmagasiner les calories et de les redonner quand la température va légèrement baisser. Et la terre est un matériau qui a un très bon bilan carbone : c'est une terre que j'ai été chercher à 3 kilomètres, et nous avons fait les briques nous-mêmes, avec une presse manuelle. On a fait 600 briques en 3 jours..."

Une facture d'électricité à 20 euros par mois

La maison est équipée d'un poêle d'appoint, de panneaux solaires et photovoltaïques. Résultat : la facture d'électricité ne dépasse pas 20 euros par mois, 20 euros pour couvrir les besoins de Benoît, de sa femme et de leurs quatre enfants :

"La particularité, c'est que mon poêle chauffe aussi l'eau chaude sanitaire. Je n'ai aucune résistance en fonctionnement dans la maison, même le lave-vaisselle et le lave-linge sont reliés à l'eau chaude du ballon, et sont chauffés par le chauffe-eau solaire, et en appoint par le poêle... J'ai 1000 watts de panneaux sur le toit, qui permettent de couvrir tous les besoins en journée. Et le soir, c'est le réseau qui prend la suite : Enercoop, qui fournit de l'électricité verte. Mes enfants sont étudiants, ils utilisent leur ordinateur, on éclaire le soir, on ne se prive pas d'électricité, mais en faisant attention on arrive à cette performance."

250 euros maxis de bois par an

La facture d'énergie globale reste très faible, de quoi en faire rêver plus d'un : "j'ai 20 euros d'électricité par mois, entre 200 et 250 euros par an, et puis j'ai le bois - il ne me coûte rien, parce que je suis menuisier .Pour quelqu'un qui achèterait le bois, il faudrait compter environ 200 - 250 euros de bois par an. Ce que vous investissez au départ est largement amorti en 40, 50 ans..."

Une maison froide en hiver ?

Une telle maison chauffée principalement par le soleil ne devient-elle pas froide et humide au coeur de l'hiver ? "Dans les moments d'hiver où il fait très froid, il suffit d'allumer le poêle : en décembre-janvier, c'est un feu par jour, et on a 20° dans la maison sans problème. Ici il n'y a aucun phénomène de condensation : c'est l'atout à la fois du bois mais aussi des matériaux biosourcés qui sont perméables à la vapeur d'eau."

Un achat meilleur pour l'environnement

Benoît le reconnaît, une telle maison bioclimatique est plus coûteuse à la construction, par rapport à une maison en parpaings-laine de verre. Même en ayant mis la main à la pâte, sa maison lui aura coûté 1700 euros du m². Mais pour Benoît, le calcul doit être global, ou plutôt complet :

"Quand je fais un achat, je ne regarde pas juste comment mon portefeuille se vide. Je regarde combien cela va me coûter dans les années qui viennent, mais je regarde aussi le bilan de cet achat sur l'environnement, notamment sur le changement climatique, parce que sinon, en fait, on se permet d'envoyer la facture à nos enfants..."

Convaincu de la pertinence et du confort d'une maison comme la sienne, Benoît a décidé de mettre son expérience au service de ceux qui souhaitent construire une maison bioclimatique : il vient de lancer son entreprise de construction bois, baptisée Arborescence. Les constructions basse consommation devraient se multiplier : à compter du 1er janvier 2022, une nouvelle réglementation thermique plus exigeante, la RT 2020, va s'appliquer en France à toutes les constructions neuves.