Climat : comment ne pas vous plomber le moral dans l'ouest ?
Publié : 10 janvier 2024 à 18h24 par Dolorès CHARLES
Virginie Raisson-Victor, présidente du GIEC des PDL
Crédit : Christophe Levet
En cette période des voeux, la ville d'Orvault près de Nantes (44) a invité la présidente du GIEC Pays de la Loire, Virginie Raisson-Victor. Que retenir de l'année 2023 ? Quels enjeux climatiques pour 2024 dans la région et dans le monde, et que faire individuellement pour agir en faveur de la planète ? Entretien.
Comment parler du climat sans vous plomber le moral ? Incendies, inondations, biodiversité menacée… Ce mercredi soir (10 janvier 2024), la présidente du GIEC des Pays de la Loire (*), Virginie Raisson-Victor, est l’invitée de la cérémonie des vœux du maire écologiste d’Orvault, Jean-Sébastien Guitton, afin de présenter les enjeux climatiques dans la région.
2023 : "une année très chaude en Pays de la Loire, même si on n'a pas eu autant de canicules que l'année précédente !"
Voilà déjà ce qu’elle retient de l’année : "2023 sera l'année la plus chaude jamais enregistrée à l'échelle mondiale depuis le début de l'enregistrement des températures et la deuxième année plus chaude pour la France. C'est donc une année très chaude aussi en Pays de la Loire, même si on n'a pas eu autant de canicules que l'année précédente. Ce qu'on constate, c'est qu'en moyenne, chaque année ou presque, on franchit des nouveaux records. Cette année, les records ont été battus en septembre et octobre, puisqu'on a eu un automne très tardif dans la région, c'était sans précédent... avec des températures qui ont dépassé 35° en septembre et 30° en octobre. On voit bien que la tendance s'est confirmée en 2023."
(*) Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.
Titre :Virginie Raisson-Victor présidente du GIEC en PDL
Crédit :Dolorès Charles
Des raisons d'espérer ?
Il y a pourtant quelques bonnes nouvelles ou des raisons d’espérer : des émissions de gaz à effet de serre sont en baisse en France, les énergies fossiles ont enfin été pointées du doigt à la dernière COP 28, ou la forêt Amazonienne serait moins dévastée... La présidente du GIEC des Pays de la Loire, interrogée par Dolorès Charles, préfère retenir une prise de conscience collective de la question climatique.
"A l'échelle globale, c'est quand même un peu difficile de se réjouir, si ce n'est qu'il y a quelque chose d'important qui convient d'être noté, c'est la prise de conscience qui progresse chaque année davantage du changement climatique. Le fait que chacun reconnaisse que ce phénomène existe et aussi son ampleur. La mauvaise nouvelle, c'est que cela crée de l'éco anxiété (et pas que chez les jeunes !) mais la bonne nouvelle c'est qu'il ne peut pas y avoir d'action s'il n'y a pas une réelle appréhension par le plus grand nombre de la problématique, c'est indispensable." Pour la présidente régionale du GIEC, "cette prise de conscience est indispensable pour faire évoluer les mentalités et les politiques."
Titre :Virginie Raisson-Victor présidente du GIEC en PDL
Crédit :Dolorès Charles
"Une somme de réductions individuelles conduit à une réduction collective."
Pour Virginie Raisson-Victor, chacun peut aussi agir à son niveau pour la planète en calculant déjà son empreinte carbone. "Cela permet de voir qu'est-ce qui, dans mon comportement ou mon mode de vie, est le plus impactant et me dire là où je peux agir... Pour certains, ce sera la mobilité, le fait de choisir de ne circuler que seul dans une grosse voiture, etc. Pour d'autres, ce sera une part plus importante sur l'isolation de l'habitat, et pour d'autres le régime alimentaire... Cela permet de comprendre que notre mode de vie, la façon dont on s'habille, dont on se nourrit, le choix de notre lieu de vacances, la façon dont on se chauffe, tout ça a un impact... et cela permet de choisir en conséquence ! C'est déjà une première étape pour arriver à réduire petit à petit cette empreinte carbone... et une somme de réductions individuelles conduit à une réduction collective."
Titre :Virginie Raisson-Victor présidente du GIEC en PDL
Crédit :Dolorès Charles
Un Français sur quatre vit en zone inondable
Si le département du Pas de Calais a été très impacté par le phénomène des inondations, c’est tout le territoire dont l’ouest qui est concerné par ce risque. Aujourd’hui, un habitant sur 4 et un emploi sur 3 sont concernés par des épisodes d’inondation, ou de débordement des cours d’eau. "Vous avez à peu près la moitié de l'habitat - des maisons à l'échelle de la France - qui sont menacées par le phénomène de retrait gonflement des argiles, par l' alternance des périodes de sécheresses et de périodes humides, qui conduit à des fissures dans les murs, autour des fenêtres, etc. Cela a un coût absolument énorme, comme les inondations ! C'est préoccupant mais cela devrait nous amener à nous interroger : quand on achète une maison ou un terrain, est-ce qu'on investit dans des régions qui sont identifiées comme à risque par exemple ? Quel choix de matériau ? Quel type d'habitat ? Ce sont des alertes dont il faut se saisir pour réduire les risques."
Titre :Virginie Raisson-Victor, présidente du GIEC des Pays de la Loire
Crédit :Dolorès Charles