Unique en France. La 3è prothèse bionique française opérée à Nantes
Publié : 20 mars 2023 à 10h15 - Modifié : 20 mars 2023 à 11h15 par Emilie PLANTARD
Crédit : Emilie Plantard
Une opération inédite se tient aujourd'hui (20 mars) au sein de la clinique Jules Verne, à Nantes. Une équipe de chirurgiens intervient sur le bras d’un patient pour qu’il puisse être équipé d’une prothèse bionique, c’est la troisième opération de ce genre effectuée en France, la première à ce niveau de l’épaule. Nous avons rencontré le chirurgien et le patient.
Ce lundi 20 mars, un 3è patient amputé du bras va pouvoir bénéficier, en France, de la technologie TMR (Targeted Muscle Innervation) pour disposer d’un bras bionique et ça se passe une nouvelle fois à la clinique Jules Verne de Nantes. Cette innovation va permettre à Nicolas Kraszewski, un blésois de 43 ans, de pouvoir contrôler une prothèse intelligente, juste par la pensée, grâce à une autogreffe de nerfs. L’opération devrait durer entre 8 et 10 heures, elle consiste en préparer le corps du patient pour qu’il puisse porter cette prothèse intelligente, connectée à l’épaule via des électrodes.
Les bons nerfs commanderont les bons mouvements
Les explications du Dr Edward De Keating Hart, chirurgien de la main et du nerf périphérique au centre de la main, de la clinique Jules Verne : "Il (le patient) a des nerfs dans le reste de son épaule qui ne fonctionnent plus et qui n’ont plus de muscles à stimuler, pour réaliser un ordre. On va chercher ses nerfs et on va trouver des muscles aux alentours pour donner la possibilité à ce nerf de redonner une action au muscle, qui va se recontacter et cela va permettre de réactiver la chaîne jusqu’au cerveau. Ce seront les bons nerfs qui commanderont les bons mouvements de cette nouvelle prothèse."
Titre :Dr Edward De Keating Heart, chirurgien de la main au centre de la main de la clinique Jules Verne
Crédit :Emilie Plantard
Une première au niveau de l’épaule
Cette opération est plus couramment pratiquée aux Etats-Unis ou encore en Allemagne mais la technique est plus récente en France. La toute première intervention a eu lieu en 2018, par une équipe déjà dirigée par le Dr Edward De Keating Hart. Pour ce troisième bénéficiaire, l’objectif est le même sauf que cette fois, Nicolas est un patient amputé au niveau de l’épaule et c’est une première.
"On a eu à ce jour en France trois patients avec trois profils différents. Cela reste une prothèse intelligente, c’est juste au moment de la chirurgie que ça va être un peu plus difficile parce qu’on est sur une amputation un peu plus haute, les nerfs vont être un peu plus compliqués à chercher et c’est ça qui va rendre l’opération un peu plus longue et délicate. A ce jour en France, nous avons réalisé trois belles indications de cette technique chirurgicale et avec Nicolas, on va pouvoir faire cette chirurgie à quelqu’un amputé au niveau de l’épaule."
Aujourd’hui l’opération et la prothèse coûtent cher, près de 230.000 euros, d’où le peu de candidats sélectionnés. Le Dr De Keating Hart se bat pour obtenir une meilleure prise en charge de la part de la Sécurité Sociale, en vain pour l’instant.
Crédit : Emilie Plantard
Titre :Dr Edward De Keating Heart, chirurgien de la main au centre de la main de la clinique Jules Verne
Crédit :Emilie Plantard
Un patient... Impatient !
Amputé à la suite d’un accident en 2008, Nicolas a testé plusieurs prothèses avant d’entendre parler de cette prothèse bionique. Il s’est tout de suite porté volontaire auprès du Dr De Keating Heart car cette opération, en reliant les nerfs à un muscle, permettra aussi de réduire les douleurs fantômes, dont il souffre. A quelques jours de son opération, il avouait son impatience au micro d’Emilie Plantard : "j’ai plein d’interrogations, savoir comment mon corps va réagir, savoir si je vais avoir un ressenti au toucher... Je suis comme une pile électrique, j’essaie de me contenir depuis plusieurs semaines, à l’approche de l’événement. J’ai vraiment hâte et c’est positif. J’en attends que ça m’apporte un certain confort... en me soulageant en grande partie de mes douleurs fantôme, et l’espoir aussi de pouvoir reposer un peu mon bras droit, sur ma prothèse."
Titre :Nicolas Kraszewski, patient amputé
Crédit :Emilie Plantard
La pause de la prothèse dans 6 mois
Après cette opération pratiquée par une équipe de 3 chirurgiens, suivra une longue rééducation, à Nantes également. Un processus de 2 ans que Nicolas Kraszewski prévoit de suivre scrupuleusement : "cela va être une rééducation fastidieuse, dans le sens où il va falloir apprendre le mode opératoire de la prothèse et arriver à le maîtriser. Connaître le fonctionnement c’est une chose mais le maîtriser c’est une autre. La motivation je n’en manque pas. Je suis bien entouré, j’ai plein d’autres projets liés à cela et c’est aujourd’hui mon chemin de vie."
Son épaule ne pourra accueillir la prothèse que dans 6 mois au mieux. Elle communiquera avec le muscle par le biais d’électrodes posées sur le muscle de l’épaule.
Titre :Nicolas Kraszewski, patient amputé
Crédit :Emilie Plantard