Carnac, Callac, Saint-Brévin : L'influence des mouvements extrêmes dans l'ouest

Publié : 17 mai 2023 à 8h36 par Dolorès CHARLES

Crédit : Yann Launay

Carnac, Callac, Saint-Senoux ou encore Saint-Brévin, plusieurs communes de l’Ouest ont été confrontés ces dernières semaines à des manifestations d’extrême, en particulier d'extrême droite. Les explications du politologue rennais, Romain Pasquier.

Les manifestations de groupuscules extrêmes, en particulier de droite, se multiplient ces derniers jours en Bretagne et Pays de la Loire. A Lorient, le parquet vient d'ouvrir une enquête suite à l’annulation du concert dans une église de Carnac, dans le Morbihan. Une enquête ouverte pour violence volontaire, et entrave à la liberté d’expression. Le maire a annoncé avoir porté plainte. Samedi, plusieurs dizaines de manifestants proches du mouvement "Civitas", ont empêché la tenue du concert de Kali Malone, et l'une des ajointes au maire a été gilfée.


A Callac ou Saint-Brevin, les maires ont subi de fortes pressions face au projet d'implantation ou de transfert d'un centre de demandeurs d'asile. A Callac dans les Côtes-d'Armor, le projet a été abandonné, et à Saint-Brevin le maire Yannick Morez a démissionné la semaine passée, provoquant une onde de choc politique. L'élu est d'ailleurs reçu au Sénat et à Matignon aujourd'hui, 17 mai.


Enfin à Saint-Senoux en Ille-et-Vilaine, un groupuscule a manifesté, visage masqué, pendant une animation pour enfants à la médiathèque au prétexte que des drag-queen y participaient. Situation similaire en début d’année à Lamballe.


La culture remise en cause


Un regain d'activisme qui inquiète : la députée LFI Mathilde Hignet appelle à la dissolution des groupuscules d’extrême droite qui relaient des "discours de haine" et cible Oriflamme, qui a perturbé la lecture réalisée par des drag queens dans la médiathèque brétilienne. A plusieurs reprises, c’est la culture qui a été impactée. Pour Romain Pasquier, Politologue à Sciences Po Rennes, la culture pourrait être remise en cause à l’avenir :


"La culture fait partie de ces enjeux symboliques... cela renvoie au vivre ensemble, à de grandes références nationales, à de grandes valeurs, et c'est là-dessus que ces groupes cherchent à se positionner, à défendre leur identité. Imaginez certains films des années 70, comme Rabbi Jacob ou d'autres, seraient difficilement entendables aujourd'hui. Je ne serai pas surpris que dans les années qui viennent, la culture au sens général, la culture française dans sa diversité, soit questionnée."

Titre :Le politologue Romain Pasquier

Crédit :Romain Houeix

Une montée en puissance face aux évolutions de la société, avance Romain Pasquier, interrogé par Romain Houeix. "C'est sur ses crispations et ses peurs que peuvent effectivement jouer certains groupuscules, qui savent que le contexte régional n'est pas favorable à leurs idées, mais qui cherchent justement à utiliser des points de fixation comme la question migratoire, ou la question des mineurs non accompagnés, pour prendre une place dans l'espace public... que pour le moment les urnes leur ont refusé."

Titre :Le politologue Romain Pasquier

Crédit :Romain Houeix

Un manque de soutien de l'Etat


Pour Saint-Brévin, Romain Pasquier se dit méfiant face aux accusations contre l’extrême-droite, tant que l’enquête n’est pas finie. Il dénonce surtout le manque de soutien de la part de l’Etat : "je pense que c'est un contexte local qui, effectivement, a poussé le maire de Saint-Brevin à la démission et surtout le non soutien des pouvoirs publics ou bien trop tardif ou la réaction bien trop tardive des pouvoirs publics. Il est clair aussi que dans certains territoires, notamment des territoires littoraux ou ruraux, on a vu des montées du vote Front national. Il y a un contexte clairement où l'extrême droite peut jouer un rôle dans la construction médiatique et dans la le durcissement d'un certain nombre de problèmes et de problématiques."

Titre :Le politologue Romain Pasquier

Crédit :Romain Houeix

Ces exactions de groupuscules répétées en Bretagne ont fait réagir Loig Chesnais-Girard. Le président de la Région Bretagne a rappelé en début de semaine que "que personne, ni aucun groupuscule, notamment d'extrême-droite, ne pourra compromettre la Bretagne qui restera ouverte à tous, rassembleuse et solidaire..."