Carburant : La goutte de trop pour les chauffeurs VTC

Publié : 29 mars 2022 à 7h42 - Modifié : 29 mars 2022 à 12h15 par Emilie PLANTARD

Crédit : Emilie Plantard

Oubliés des mesures gouvernementales envers les professionnels des transports, les chauffeurs VTC ont perturbé la circulation du périphérique et du centre-ville nantais, lundi matin. La hausse du prix du carburant vient, en fait, s’ajouter au ras-le-bol de la profession.

Ils étaient une quinzaine de véhicules de VTC à ralentir le trafic routier à Nantes. Dès 7 heures, les chauffeurs se sont réunis sur le périphérique et ont pris la direction de la préfecture où ils ont stationné leurs voitures. En cause, la hausse du prix du carburant qui vient s’ajouter à leurs conditions de travail difficiles. Ils s’adressent au gouvernement pour demander des aides, mais également aux plates-formes avec lesquelles ils travaillent et qui bloquent les tarifs de course.


Djamel Kouachi est chauffeur VTC depuis 2 ans à Nantes, avec Emilie Plantard. "Les applications, années après années, baissent les prix, cumulé au carburant qui atteint 2 euros 20. C’est la goutte d’eau, on a la corde autour du cou, on ne peut plus. Il faut que l’Etat intervienne, qu’il nous accorde les aides qu’ils ont accordées aux autres et (qu'il) intervienne auprès des applications pour réguler les tarifs et les augmenter.".

Titre :Djamel Kouachi, chauffeur VTC

Crédit :Emilie Plantard

Un système asphyxiant


Ce (lundi) matin à Nantes, la trentaine de chauffeurs qui a manifesté fait partie de l’intersyndicale nationale des VTC. Par cette action, ils veulent alerter sur leur situation particulière, coincée entre le contrôle des tarifs de courses par les plate-forme comme Uber ou Bolt et la hausse du prix des carburants, qui plombe leur budget.


David Tan est chauffeur VTC à Nantes et porte-parole de INV 44 : "J’ai un véhicule hybride et je payais 500 euros par mois, maintenant je suis à 800 euros. Mes collègues étaient à 7 ou 800 euros au niveau du gasoil, là ils sont rendus à 1000 euros. On fait un plein tous les 2 ou 3 jours. On roule à perte en vérité… Facturation à 10 euros, moins la comission de 25% on est à 7 euros 50, moins les frais on est à 3 euros, on est à 3 euros pour vivre. Le coût des assurances a augmenté, lorsqu’on change les pneumatiques, on fait les révisions, on a un contrôle technique tous les ansAvec la transition écologique, Uber nous propose de d’acheter de l’hybride donc c’est 20.000 euros, c’est plus 8000… Nous on ne maîtrise rien !"

Crédit : Emilie Plantard

Titre :David Tan porte-parole de INV 44

Crédit :Emilie Plantard

Un ras-le-bol de la profession


Professionnels du transport, les chauffeurs VTC ne bénéficient pas des aides proposées par le gouvernement il y a quelques semaines, ils ne profitent pas non plus de la détaxation partielle du carburant dont bénéficient les taxis. Ils subissent donc de plein fouet l’augmentation des tarifs du carburant mais ne peuvent pas réévaluer les prix de leurs courses s’ils fonctionnent avec les plate-formes.


Au-delà du contexte, c’est donc la condition générale des chauffeurs VTC qu’ils contestent aujourd’hui. "C’est le cumul, pour David Tan. Au début, comme on est des nouveaux métiers, on ne connaît pas, on fait 1 an, 2 ans et le comptable il nous dit, vous n’êtes pas rentable, et au bout de la 3è année, vous voyez des VTC qui arrêtent, parce que les conditions c’est énorme. C’est au bout de 2 ou 3 ans qu’ils réalisent qu’ils roulent à perte. Ce qui nous a vraiment énervé, c’est ce choc pétrolier, le cout de l’électricité qui augmente, le gaz qui augmente, c’est un tout. Il y a 3 ans c’était les gilets jaunes, aujourd’hui ce sont les VTC qui sont en colère."


 

Titre :David Tan porte-parole de INV 44

Crédit :Emilie Plantard

La ville de Nantes compte environ 450 chauffeurs VTC