Capitaine cargo : l'alternative à la deuxième voiture

Ils veulent fabriquer des vélos dans un bâtiment de l'usine automobile Stellantis : les fondateurs de la jeune société "Galian" viennent de présenter leur prototype de vélo cargo à Rennes - La Janais, dans un vaste bâtiment racheté à Stellantis par la métropole. Un bâtiment destiné à accueillir des entreprises, qui développent des solutions de déplacement décarbonées. La première devrait donc être "Galian", une société bretonne qui souhaite lancer une production en  série de son vélo cargo à assistance électrique.

Baptisé "Capitaine Cargo", l'engin est capable de transporter jusqu'à deux adultes et deux enfants, comme le souligne Vincent Renard, l'un de ses concepteurs : "On peut emmener, comme sur tous les vélos cargo, un ou deux enfants à l'avant, mais il a une vraie capacité d'emport d'un adulte à l'arrière. On est sur un vélo un petit peu plus long qu'un vélo classique, il fait à peut près 2,50 m de long, et on a voulu apporter une notion de design assez forte. Il reprend un peu les codes de l'automobile, on veut faire descendre les gens qui aiment bien les belles voitures sur un beau vélo, c'est l'engagement de Galian en termes de design..."

Un produit made in Europe

Qu'on se s'y trompe pas : Galian ne veut pas seulement assembler son vélo cargo à Rennes, à partir de composants venus des 4 coins du monde. L'objectif est bien de fabriquer une grande partie du vélo sur place, ou avec des pièces françaises et européennes, comme l'explique Jean-Marc Lesimple, l'un  des concepteurs de Capitaine cargo :

"Il faut savoir qu'en France on ne fabrique quasiment pas de cadres : ces cadres sont en général fabriqués en Asie, et commencent à être fabriqués au Portugal sur de grandes séries. Notre volonté est de construire ce cadre nous-mêmes. On essaie de cibler des composants fabriqués au moins en Europe : on a choisi de faire faire nos garde-boue par une marque suisse qui les fabrique en Suisse. Moteurs et batteries sont pour l'instant fabriqués dans l'est de l'Europe. On est en train de travailler sur l'industrialisation d'un autre moteur, fabriqué pas plus loin que Lyon..."

L'usine de La Janais n'est pas une découverte pour certains membres de l'équipe Galian : c'est même un retour pour Jean-Marc Lesimple, interrogé par Yann Launay : "J'ai fait une partie de ma carrière chez PSA, je suis arrivé en l'an 2000 ici même, c'est un clin d’œil de l'histoire assez amusant. C'est pour ça que ça a beaucoup de sens, pour moi, ce projet de pôle d'excellence industrielle, et ce projet de fabrication d'un vélo en France. Nous n'avons pas vocation à remplacer la voiture, mais à devenir un moyen complémentaire, et le faire dans cet environnement industriel, pour Galian ce sera j'espère l'opportunité de faire progresser la manière de fabriquer un vélo chez nous..."

Un vélo haut de gamme...

C vélo cargo made in Breizh sera-t-il réservé à une clientèle fortunée ? Galian ne cache pas que son vélo est clairement positionné dans le haut de gamme, mais avec des tarifs qui resteront compétitifs (compris entre 6500 et 8500 euros, en fonction des options), grâce au mode de commercialisation envisagé : "On réussit à être compétitif aujourd'hui par rapport à l'Asie en supprimant la marge du distributeur : on a des showroom café vélo, on aura 1 ou 2 cafés-vélos par ville en France, et le vélo vous l'achèterez directement sur notre site internet, et il sera livré au café-vélo. On aura un deuxième système de vente, en location longue durée, comme pour une voiture, en réglant des mensualités  entre 160 et 190 euros par mois."

Un vélo plutôt qu'une deuxième voiture

Le bâtiment racheté par Rennes Métropole, d'une superficie de 26 000 m2, devrait être suivi par d'autres achats, toujours sur le site de la Janais. Pour Sébastien Semeril, vice-président de Rennes métropole à l'économie, l'arrivée de Galian et de son vélo cargo n'est le début d'une réindustrialisation nécessaire : "On l'a vu avec ces crises successives, d'abord sanitaire puis cette crise en Ukraine, que nous étions ultra dépendants. Quand on sait aussi que nous avons des objectifs climatiques à respecter, l'enjeu du vélo cargo par exemple c'est peut-être de remplacer la deuxième voiture dans les foyers. Si on peut en plus envisager la construction de ces vélos cargos sur la Janais, on aura fait coup double..."

Actuellement en phase de pré-commercialisation, le Capitaine Cargo sera mis en production en décembre 2022. La livraison de 150 vélos en série limitée est prévue pour 2023.