Canicule. Il faut sauver les poissons des rivières bretonnes asséchées

Publié : 16 août 2022 à 15h06 - Modifié : 16 août 2022 à 15h08 par Dolorès CHARLES

Crédit : Yann Launay

Avec les fortes chaleurs et la sécheresse, l'eau se fait plus rare dans les différentes rivières, et résultat la mortalité piscicole y est plus importante dans l'ouest. Dans le Finistère, des opérations de sauvetage des poissons ont lieu cet été (2022) dans l'Odet.

Le niveau des cours d'eau devient critique, dans l'Ouest. Dans certaines rivières même, l'eau ne coule plus, et le lit alterne entre trous d'eau et zones asséchées. Les poissons, prisonniers, sont à la merci des oiseaux et de l'asphyxie. Alors pour tenter de les sauver, des pêches de sauvetage viennent de démarrer dans le Finistère, sur l'Odet notamment, au Nord de Quimper. Un appareil de pêche électrique est utilisé et manié par Mathieu Le Bouter, responsable développement à la Fédération de pêche du Finistère :"La méthode qu'on utilise pour récupérer les poissons, c'est une pêche électrique : ce n'est pas une pêche létale pour les poissons. On ne va pas les tuer, on va juste les choquer pendant un court instant, ce qui va nous permettre de les récupérer avec des épuisettes. Derrière on les transfert dans un seau puis dans une cuve à oxygène. On va aller les remettre plus en aval sur l'Odet, où on aura toujours de l'eau, et cet hiver quand les eaux remonteront, les poissons vont revenir, alors on va perdre des classes d'âges, mais on va faire le maximum pour limiter les dégâts."

Titre :Mathieu Le Bouter, de la Fédération de pêche du Finistère

Crédit :Yann Launay

"C'est clair qu'on va perdre plusieurs classes d'âge de truites"


C'est une partie de l'Odet particulièrement exposée au soleil qui a été sondée en priorité, pour y récupérer les truites, saumons, et autres vairons : "même s'il reste de l'eau, l'eau chauffe trop, le taux d'oxygène dissous n'est plus assez important, et les poissons meurent. Il y a deux jours, l'après-midi, l'eau était à 27° ici, c'est énorme. C'est létal pour la plupart des espèces qui vivent dans des cours d'eau comme ça. En plus les plantes sont en train de mourir avec la chaleur, en se dégradant, les bactéries consomment l'oxygène de l'eau, c'est un cercle sans fin. C'est clair qu'on va perdre plusieurs classes d'âge de truites, avant de retrouver une population complètement équilibrée, là on a vu on a fait des beaux poissons, entre 35 et 40 cm pour les plus gros, avant de retrouver ces classes d'âge là, il faudra attendre 6 ans, 7 ans. Il faut intervenir pour limiter ça."


Les pêches de sauvetage se poursuivent sur l'Odet, ce mardi 16 août. Opération de sauvetage assez similaire dans l’Isole, à Keranglay, aujourd’hui. A Saint-Nazaire, des cadavres de poissons flottaient également à la surface de l’eau ce week-end, dans l’étang principal du parc paysager, d'où l'importance de ces opérations menées par les fédérations.


 

Crédit : Yann Launay

Titre :Mathieu Le Bouter, de la Fédération de pêche du Finistère

Crédit :Yann Launay

Autre fléau : le braconnage !


La baisse du niveau des cours d'eau amplifie une autre menace, pour les poissons : le braconnage, en nette augmentation en ce moment dans le Finistère. "Dès que les eaux baissent et deviennent claires, les poissons, les saumons qui remontent l'Odet notamment dans la partie centre-ville de Quimper, vont rester bloqués dans ces zones-là, des zones facilement accessibles, il y a des quais partout, les poissons sont facilement visibles, du coup des personnes les attendent pour les braconner. Ce n'est pas de la pêche : ils les grappinent avec des gros hameçons triples, l'hameçon vient se planter dans le flanc du poisson de manière à le hisser sur le quai. Quand ils les ratent, ça laisse des lésions énormes sur les poissons, comme les eaux sont chaudes, ça s'infecte plus facilement, donc même des poissons qu'ils ont raté peuvent mourir après suite à l'acte de braconnage. C'est une véritable catastrophe."

Titre :Mathieu Le Bouter, de la Fédération de pêche du Finistère

Crédit :Yann Launay