Bretagne. Et si vous embrassiez un métier dans l'agriculture ?

Devant la pénurie de main d’œuvre qui touche le monde agricole, les "Journées des métiers de l’agriculture" sont organisées cette semaine (6-10 février) en Bretagne. Pôle emploi et ses partenaires invitent notamment des demandeurs d’emploi à venir découvrir les métiers agricoles, sur le terrain, histoire de susciter des vocations et de combattre les idées reçues. C’était le cas hier (mercredi 8 février) à la ferme du lycée agricole de  Kernilien, près de Guingamp, dans les Côtes d’Armor.

Agnès a découvert la maternité porcine

Agnès, en recherche d’emploi, a pu toucher du doigt les réalités du métier d’éleveur de porcs et ce n'est pas une image. Elle a découvert la maternité porcine, guidée par Gwenaelle Selebard, chargée de recrutement à Kernilien : "Les porcelets ont sept jours, Je vais en attraper un pour que vous puissiez les manipuler : il faut toujours prendre un porcelet par en-dessous. Si on le sert un peu trop, il n'est pas trop d'accord ...  Je n'ai pas eu la révélation, mais au moins maintenant, je sais que je ne travaillerai pas avec les cochons. J'ai arrêté l'école très tôt, à 15 ans, après j'ai fait de la restauration et quand je suis arrivée à Guingamp, j'ai fait une formation de peinture, et aujourd'hui je suis à l'usine en intérim. Je me vois plus dans le maraîchage, voire le paysagisme que dans l'élevage, mais franchement, je ne m'attendais pas à ça... J'aimerais bien réitérer l'aventure, mais dans le maraîchage."

C'est dur mais ça ne sent pas si fort que ça !

Les demandeurs d'emploi sont d'âges et d'horizons très différents. Beaucoup ne sont pas issus du milieu agricole, et ce serait pour eux une complète reconversion. Une reconversion qui ne doit pas effrayer, pour Gwénaelle Selebard : après avoir travaillé à la Poste, elle est devenue technicienne en élevage porcin. Tombée amoureuse du métier, Gwenaelle se bat contre les idées reçues : "j'ai commencé ce métier là en 2007, j'entends toujours les mêmes a priori : ça pue, c'est dur alors peut-être que c'est dur mais ça ne sent pas si fort que ça ! C'est un métier où il y a des débouchés, le salaire est attractif et il y a même des éleveurs aujourd'hui qui sont prêts à loger leurs salariés puisque le problème c'est surtout la mobilité... Il y a trop d'a priori et c'est le but en fait d'organiser des journées voyages en agriculture, où certains rentrent avec des a prioris et ils repartent sans."

Des centaines de postes ne sont pas pourvues

Les besoins en main d’œuvre n'ont cessé de grandir, dernières années, et des centaines de postes ne sont pas pourvus, dans les exploitations bretonnes. Pour Pôle emploi il y a urgence à rapprocher demandeurs d'emploi et entreprises agricoles. C'est l'objectif de ces Journées, comme l'explique Frédéric Sévignon, directeur régional de Pôle Emploi Bretagne à Yann Launay :

"On le fait d'abord vis à vis des entreprises pour qu'elles aient un regard différent sur les candidats et qu'elles puissent accepter des profils qui sont peut-être un peu plus éloignés de l'emploi et puis vis à vis des publics des demandeurs d'emploi à qui on explique que le métier a changé. L'agriculture  n'est pas celle d'il y a 40 ans, il y a des choses extraordinaires. Je pense aux jeunes pour lesquels il y a de réelles opportunités, notamment au travers du numérique. On ne fait pas souvent le lien entre agriculture et numérique, mais il y a des choses extraordinaires, notamment au travers des tracteurs qui sont aujourd'hui connectés, autour des drones qui permettent d'automatiser certains traitements et autour, par exemple, des vaches et du système automatisé de traite.. avec aussi le numérique et l'intelligence artificielle."

Les salaires ont été revalorisés

Pour Fabienne Garel, productrice de lait et présidente de la FDSEA 22, les a priori à combattre concernent aussi le salaire des employés agricole. Fabienne Garel souligne que les grilles de salaires ont été revalorisées à plusieurs reprises, ces trois dernières années, et que des avantages existent, trop souvent méconnus : "au sein même des entreprises agricoles, certains font le choix de donner des primes, d'autres font le choix de donner des avantages en nature. On a des complémentaires santé qui sont supérieures à des métiers autres, mais c'est aussi un comité d'entreprise. On a beau être des petites exploitations les unes à côté des autres, l'employeur cotise à un comité d'entreprise et ainsi le salarié peut bénéficier de certains avantages. Cela va du ticket cinéma à des prix sur des voyages.. Ce sont les syndicats des salariés qui gèrent leurs propres comités d'entreprise."

Les "Journées des métiers de l'agriculture" se tiennent jusqu'à ce vendredi 10 février, avec plusieurs dizaines d'événements organisés partout en Bretagne. Le programme est à retrouver sur le site web de Pôle emploi.