Avec l'inflation, les clients se fournissent dans les magasins hard-discount !

Publié : 5 juillet 2022 à 8h02 - Modifié : 5 juillet 2022 à 8h24 par Dolorès CHARLES

Crédit : Yann Launay

La hausse des prix à la consommation a atteint près de 6% en juin 2022 sur un an, selon l'estimation provisoire de l'Insee. Autant dire, que pour faire quelques économies les français préfèrent faire leurs courses d'alimentation dans les discounters. C'est le cas en Bretagne où l'enseigne "Coût 2 frais" a enregistré une augmentation de sa fréquentation de 15 à 20% dernièrement. Reportage de Yann Launay.

Dans le contexte actuel de hausse des prix, vous êtes de plus en plus nombreux à franchir la porte des magasins de déstockage alimentaire : ces magasins qui proposent de la viande, des fruits, des œufs ou des conserves, à prix cassés, des produits parfois de grandes marques mais dont les grandes surfaces classiques ne veulent plus. Dans le Morbihan, Hervé Bellec a créé "Coût 2 frais" en 2016 et gère aujourd'hui trois magasins implantés à Lanester, Pontivy et Locminé. Il le confirme : la fréquentation de ses magasins augmente de plus en plus vite ces derniers mois : "L'augmentation de clientèle, en fréquentation, est nette  : on est sur des progressions de + 15 à +20%. Il y a une accélération, qui est un peu contrebalancée par des tickets moyens en fin de mois un peu plus faibles... On a de plus en plus de gens de la classe moyenne. Il constatent avec nos produits, principalement nos produits de marque, que c'est dans leurs habitudes de consommation, et ils reviennent."


Les invendus sont quasi inexistants


Les produits vendus dans les 3 magasins d'Hervé Bellec proviennent essentiellement des entreprises agroalimentaires, en direct : ce qui arrive par camion chaque matin est mis en rayon immédiatement. Et les invendus sont quasi inexistants : le résultat pour Hervé Bellec des méthodes de commercialisation adoptées et du rapport qualité/prix des produits :


"On est principalement sur des produits de grandes marques tout à fait connus des consommateurs, quelquefois même des marques assez qualitatives à des prix plus abordables pour une majorité de gens. Des produits quelquefois qu'on ne regarde pas en supermarché classique deviennent atteignables. Quand on voit qu'un produit bouge un peu moins en rayon on met des choses à -25%, -50%, et pour finir tout à fait les choses, en fin de journée, quand il nous reste quelques produits, on met tout à 50 centimes : vous pouvez trouver un poulet à 50 centimes, un pack de yaourts à 50 centimes, et généralement, avec la fréquentation qu'on a en fin de journée, ça part."

Titre :Hervé Bellec

Crédit :Yann Launay

Des produits hors calibre ou avec l'ancien packaging


Avec ce nouveau contexte d'inflation, Hervé Bellec s'est d'abord demandé si le volume de produits déstockés par les professionnels ne se réduirait pas. Mais finalement, le volume et la diversité des produits se maintiennent : des produits dont la date de péremption ou d'utilisation optimale est jugée trop proche par les grandes surfaces, mais pas seulement.


De nombreux cas de figure peuvent entraîner ces déstockages :"Ça va être aussi des fins de promotion : une fois que la promotion est finie en magasin, le magasin ne peut plus vendre le produit, le code est bloqué, et les choses peuvent finir chez nous. Cela peut être des changements de packaging : on peut avoir les fins de lots avec l'ancien packaging. Ça peut être, pour certains produits, des hors-calibre : on a beaucoup de fromages qui ne font pas le poids en usine, donc ils sont réemballés sous une marque secondaire, avec un poids plus faible indiqué, pour être conforme à la loi."

Crédit : Yann Launay

Titre :Hervé Bellec

Crédit :Yann Launay

Elles fréquentent les magasins hard-discount


Elodie, devenue une cliente régulière des magasins de déstockage "Coût 2 Frais", délaisse les grandes surfaces classiques : "Avec tout ce qui a augmenté dont le gasoil, on est obligé et on va beaucoup  plus dans les magasins comme ça, les hard-discount. J'ai 4 enfants, moi le lait je ne le prends plus qu'ici, je remplis mon frigo avec les yaourts, au moins 2 étagères... Les gens n'achètent pas parce que les dates sont limites, alors que c'est encore bon, moi la date ce n'est pas ce qui m'empêche d'acheter. La viande, on va peut-être faire un  peu plus attention, et encore, on congèle..."

Titre :Elodie, cliente

Crédit :Yann Launay

Laure sort d'un magasin "Coût 2 Frais" avec un chariot bien rempli : elle a récemment changé ses habitudes, pour faire l'essentiel de ses courses alimentaires chez les déstockeurs : "Je ne fais pas tout ici, parce qu'il manque quand même des produits, mais cela permet de manger du bœuf, du veau, un peu de tout, à des prix corrects. C'est de bonne qualité. Cela représente au moins je dirais 200 euros d'économie par mois, facile... Ça permet de vivre à côté."


Pourquoi pas revenir une prochaine fois ?


Pour Marie, qui a toujours privilégié la qualité des produits et les épiceries de centre-ville et plusieurs grandes surfaces, c'est sa voisine qui lui a parlé des magasins de déstockage "Coût 2 Frais", et elle vient se rendre compte pour la première fois : "Je ne pensais pas qu'ils faisaient autant d'alimentaire : tout ce qui est pâtes, conserves... Je pensais que c'était vraiment que de la viande et des produits frais. Je suis surprise par rapport à tout ce qu'on peut découvrir dans le magasin. Et au final les dates ne sont pas si rapprochées que ça, on a quand même de la marge. Forcément on regarde le prix, désormais, donc pourquoi ne pas revenir après, les prochaines semaines ?"

Titre :Marie, cliente

Crédit :Yann Launay