Attentats de Paris : Abdeslam condamné à la peine incompressible.

Publié : 30 juin 2022 à 7h10 - Modifié : 30 juin 2022 à 7h14 par Dolorès CHARLES

Crédit : Pixabay

C'était le plus long procès de l'histoire judiciaire française : après 10 mois d'audience, le verdict est tombé, hier (mercredi) soir dans le procès des attentats du 13 novembre. Le principal accusé Salah Abdeslam est condamné à la peine incompressible.

Après un procès fleuve à Paris, suite aux attentats du 13 novembre 2015, 19 des  20 accusés ont été reconnus coupables des chefs d'accusation qui pesaient contre eux, hier soir (29 juin).  La Cour d'assises spéciale a condamné Salah Abdeslam à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible, la plus lourde peine prévue par le code pénal. Un verdict salué par Arthur Dénouveaux, rescapé du Bataclan, breton de cœur (ses parents sont installés dans le Morbihan) et président de l'association Life for Paris :


"Quelle émotion, quelle fierté d'avoir une justice qui est capable de juger vraiment individuellement, qui a été capable de remettre certains des accusés les plus périphériques en liberté à l'issue de ce procès, mais aussi de condamner, et c'est mérité Salah Abdeslam et d'autres accusés à des peines très lourdes. Il fallait, et pour les parties civiles, et pour les accusés, mais aussi pour toute la société, il fallait montrer que notre justice était capable de juger le 13 novembre, il fallait aller comprendre tout ce qu'on pouvait comprendre, on l'a fait et ça nous a fait du bien à nous, mais ça a fait du bien aussi à notre démocratie."

Titre :Arthur Dénouveaux, président de l'association Life for Paris :

Crédit :Yann Launay

Une étape importante


Ce verdict est un soulagement pour Audrey Lafolie, rescapée du Bataclan, membre des associations Life for Paris et 13 Onze 15 : "Je n'attendais pas grand chose en termes de verdict, en me disant : de toute manière ils vont avoir une grosse peine. Et finalement ça m'a un peu plus marquée que ce que j'attendais : comme finalement la peine la plus lourde requise a été acceptée, j'étais contente, je pense que c'est une étape importante. Même s'ils font appel, tout ne sera pas remis en cause, donc c'est quand même une marche de passée."


La justice a fait son travail


Au terme de ces 10 mois de procès, les parties civiles n'ont pas forcément les réponses à toutes leurs questions, mais Audrey ne se faisaient que peu d'illusions, particulièrement sur la participation des accusés à l'éclairage des événements : "Ce qu'ils ont raconté, leur histoire personnelle, on ne sait pas si c'est la vérité, les réponses on ne les aura jamais sur ces terroristes-là, de toute manière ils parlaient très peu, et à la limite c'est leur donner du crédit que de les comprendre."

Titre :Audrey Lafolie, rescapée du Bataclan

Crédit :Yann Launay

Il restera une part d'ombre


Des aspects de ces attentats restent obscurs, mais Arthur Dénouveaux estime  avoir réellement progressé dans la compréhension  des événements : "Je ne voulais pas me poser trop de questions, je ne voulais pas dépendre des terroristes pour apprendre des choses, et j'ai eu des réponses à plus de questions que j'en attendais, lors de ce procès : quelle partie de la propagande a fonctionné, qu'est-ce qui a fait que des jeunes de moins de 30 ans, de mon âge, sont venus tirer dans le dos, sur des terrasses, sur des innocents... J'ai eu des réponses. Alors est-ce qu'on a des réponses exactes sur pourquoi le Bataclan, pourquoi tel lieu, comment ça a été fait ? Non... Moi, ce n'était pas mes questions, j'entends que ce soit quand même les questions de certaines familles endeuillées. La vérité judiciaire est tombée : on n'en saura probablement pas plus... On savait qu'il resterait une part d'ombre. A nous de vivre avec cette part d'ombre, ce n'est pas le plus difficile dans la reconstruction après un attentat."

Titre :Arthur Dénouveaux, président de l'Association "Life for Paris"

Crédit :Yann Launay

"Pour la première fois le 13 novembre me quitte"


Pour Arthur Dénouveaux, d'un point de vue personnel, la fin du procès marque un tournant : "Je me sens à l'aube de quelque chose de très nouveau. Je vais essayer de digérer un peu ce procès, d'y penser, et puis je vais vraiment essayer de passer à autre chose. Ce n'est pas que j'en ai envie, c'est que j'en n'ai pas le choix, et ça c'est très bien... J'ai l'impression que pour la première fois le 13 novembre me quitte, et ça c'est le procès qui l'a permis. Le sentiment c'est une forme un peu d'excitation à l'idée de voir ce que le futur me réserve, et que ce futur là sera un peu moins tiré par le boulet du 13 novembre."Les condamnés ont 10 jours pour faire appel de leur condamnation.

Titre :Arthur Dénouveaux, président de l'Association "Life for Paris"

Crédit :Yann Launay