Angers : La faillite d’un constructeur fragilise le secteur du bâtiment

C’est un séisme que subit actuellement le secteur de la construction dans le Maine-et-Loire. Après avoir été déclaré en cessation de paiement début mars, le promoteur immobilier Carréneuf, basé à Angers, vient d’être placé en liquidation judiciaire. Plusieurs de dizaines de chantiers de collectifs et de maisons individuelles sont à l’arrêt. Les clients sont inquiets, les artisans qui travaillent sur les chantiers aussi.

Du côté de la fédération du bâtiment du Maine-et-Loire, un tel scénario était redouté, notamment depuis la remontée des taux d’emprunt. Et cette faillite risque d’avoir des répercussions sur tout le secteur. Yanis Borjon-Pieron est le président de la fédération :

"On est surpris mais on s’attend quand même à des difficultés de promoteurs compte tenu de la conjoncture et de leurs difficultés à vendre les bien qu’ils produisent. Nécessairement il y aura un impact sur nos entreprises, puisque lorsqu’il y a liquidation, on sait bien que les entreprises sont les derniers créanciers à éventuellement récupérer des fonds. Et même s’ils peuvent récupérer des sommes, ça va mettre du temps et on sait que les trésoreries sont quand même tendues donc ça risque de mettre en difficulté un certain nombre d’acteurs de la construction."

Certaines entreprises ne se relèveront pas

Cette faillite pourrait avoir des répercussions importantes, plusieurs entreprises travaillant pour Carréneuf ont déjà signalé des arriérés de paiement. La fédération du bâtiment du Maine-et-Loire est en train d’évaluer les pertes pour le secteur, certainement plusieurs centaines de milliers d’euros. Son président Yanis Borjon-Pieron est d’ailleurs passé devant un des chantiers à l’arrêt, il a pu constater la participation de plusieurs de ses adhérents et s’inquiète de leur devenir.

"En regardant le panneau de chantier, j’ai vu 6 ou 7 entreprises de la Fédération du Bâtiment qui sont impactées. Que ce soient des entreprises du Maine-et-Loire mais aussi de Loire-Atlantique, de Mayenne et même une de Charente-Maritime. C’est vrai que depuis 2 ans, le coût des matériaux qu’on n’a pas pu répercuter sur les clients, donc ça veut dire qu’on rogne sur nos marges, la crise énergétique, si en plus il y a un problème d’impayé, ça peut être le début de la fin."

Un avenir très incertain

La construction de logements neufs s’est effondrée en 2022, les experts parlent même d’une crise profonde qui pourrait se répercuter plus largement sur le bâtiment. Le président de la fédération du Maine-et-Loire est inquiet pour l’avenir, malgré les aides de l’Etat pour tout ce qui est rénovation énergétique.  

"Malheureusement on n’est pas très sereins, aujourd’hui les entreprises ont de l’activité jusqu’à l’été à peu près, mais on a de grosses craintes sur le 2è semestre 2023, on le voit bien sur les projets qui ne sortent pas, qui ne sortiront pas, on voit bien le nombre d’appels d’offre qui diminue, on voit que c’est plus compliqué qu’il y a un an pour traiter les dossiers donc on est inquiets sur la 2è partie de l’année. Plus pour le neuf, on espère que la rénovation énergétique va faire de l’activité mais rien n’est moins sûr."

Une garantie devrait permettre aux chantiers d’être achevés et livrés. Les propriétaires sont invités à faire les démarches nécessaires pour y avoir recours. Les entreprises quant à elles, doivent faire connaître leurs créances auprès du liquidateur sous 2 mois.

Un groupe de particuliers et d’entreprises s’est créé sur le réseau social Facebook : Mobilisation contre Carréneuf, soutient aux victimes.