Algues vertes : les agriculteurs se défendent

Publié : 23 mai 2021 à 16h18 - Modifié : 6 octobre 2021 à 15h54 par Dolorès CHARLES

Algues vertes

Crédit : Pixabay

C’est un dossier qui empoisonne le littoral breton depuis des décennies, le dossier des algues vertes.

Chaque année, les algues vertes prolifèrent, plus ou moins dans les baies bretonnes. Huit bassins-versants dans les Côtes-d’Armor et le Finistère sont concernés (soit 7% de la surface agricole utile, 10% des exploitations). Le phénomène remonte aux années 70, mais il s’est répandu dans les année 90 – 2000, et il a tendance à augmenter ces dernières années au gré de la météo, du réchauffement climatique - des facteurs naturels - et d’autres facteurs sur lesquels les acteurs du territoire (les agriculteurs principalement) peuvent agir.

Les agriculteurs se défendent

Ces derniers ont récemment défendu leur bilan après le rapport de la Cour des comptes, qui jugeait insuffisantes leurs actions de lutte contre la prolifération des algues vertes, à l’odeur putride. Dans son rapport, la Cour appelle les pouvoirs publics à « fixer des objectifs évaluables et réalisables ».

La Chambre d'agriculture de Bretagne accompagne les producteurs, qui doivent adapter leurs pratiques afin de réduire les fuites d’azote et de nitrates. Edwige Kerboriou, vice-présidente de la Chambre (en charge de l’environnement), invitée de l'émission "Sur Place Ou A Emporter" avec Fabien et Julie.

"Ce qu'il faut comprendre, c'est que les agriculteurs n'ont pas attendu le début des plans - qui ont commencé à 2010 - pour s'inquiéter de la situation, puisque dès la fin des années 90, il y a eu des actions de mises en place au niveau local pour essayer de comprendre le phénomène, de voir comment les agriculteurs travaillaient, et de voir ce qu'ils pouvaient faire de mieux dans leurs actions pour améliorer les choses. La traduction de cet engagement depuis longtemps c'est que lorsque les plans se sont mis en place, il y a eu environ 80% des agriculteurs qui se sont engagés dans ces plans et sont entrés dans la démarche. Ce sont des phénomènes techniques et complexes, mais je vois mon exemple... on a changé énormément de choses sur l'exploitation et nos façons de travailler."

Titre :Edwige Kerboriou, vice-présidente de la Chambre

Crédit :SPOAE Fabien et Julie

Edwige Kerboriou, vice-présidente de la Chambre

Pour Greenpeace, si l’on veut arrêter les marées vertes, il faut diviser par trois le taux de nitrate dans l’eau pour le ramener à 10 mg/ litre, contre 33 aujourd’hui (estimation). Mi-mai, c’est l’association Eau et rivières de Bretagne qui a lancé une campagne de lutte contre les algues vertes. Pour rappel, c'est en pourrissant sur le sable que les algues vertes dégagent du sulfure d’hydrogène, un gaz qui peut s’avérer mortel.

Un plan spécial de lutte contre les algues vertes

Pour en finir avec ce phénomène, un plan spécial est coordonné par la Préfecture. Charles David, Coordinateur régional, invité de Julie et Fabien, revient sur les actions mises en place :

"On fait déjà depuis des années de l'agro-écologie : on va chercher à utiliser au maximum des engrais, que produisent les animaux et en apportant ces engrais-là de la manière la plus précise possible. On cherche aussi beaucoup à couvrir les sols. On parle de cultures pièges à nitrates - ce sont des petites fleurs violettes et jaunes que l'on peut voir à l'automne - ce sont des découvertes implantées par les agriculteurs le plus tôt dans les algues vertes pour aller capter ces nitrates et pour qu'ils ne fuient pas en hiver ... et on cherche de plus en plus à faire évoluer les systèmes de production et d'alimentation des animaux."

Titre :Charles David, Coordinateur régional du dossier Algues Vertes

Crédit :SPOAE Fabien et Julie

Charles David, Coordinateur régional du dossier Algues Vertes

Peu d'impact sur le tourisme

Parfois, les algues vertes prolifèrent de manière exceptionnelle, recouvrant le sable fin de plages, interdites au public. Mais le phénomène a finalement peu d’impact sur l’activité touristique. Charles David, Coordinateur régional du dossier Algues Vertes en Bretagne :

"Il y a assez peu de lien avec les acteurs du tourisme si ce n'est des communications sur ce sujet... en sachant que l'impact a priori est relativement limité. C'est vrai qu'on en parle beaucoup, ça donne une mauvaise image, souvent à tord de la Bretagne mais quand on regarde les chiffres sur les années où on a de grosses marées vertes, les chiffres d'hébergement, il y a très peu d'impact voire pas d'impact du tout, et ce ne sont pas toutes les plages bretonnes qui sont touchées, cela reste assez limité et ce ne sont d'ailleurs pas les plages les plus fréquentées heureusement."

Titre :Charles David, Coordinateur régional du dossier Algues Vertes en Bretagne

Crédit :SPOAE Fabien et Julie

Charles David, Coordinateur régional du dossier Algues Vertes en Bretagne