Agriculteurs : avis divergents selon les syndicats FNSEA, JA, CR et Confédération Paysanne

Publié : 2 février 2024 à 16h32 - Modifié : 2 février 2024 à 16h36 par Dolorès CHARLES

Tracteurs mobilisés en Bretagne

Crédit : Yann Launay

Contrairement aux syndicats FNSEA et JA, ou la Coordination Rurale, la Confédération paysanne appelle à poursuivre les actions ce vendredi 2 février, au lendemain des nouvelles annonces. C’est le cas de la SCA Ouest, la centrale d’achat de Leclerc à Saint Etienne de Montluc en Loire-Atlantique. Les avis des différents syndicats divergent face aux mesures et le prochain Salon de l'Agriculture s'annonce tendu.

Après les nouvelles annonces du gouvernement, des blocages ont été levés dès hier soir, jeudi 1er février, dans l'Ouest comme ailleurs en France, et d'autres le seront au cours de la journée à l'appel de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs - qui suivent la consigne nationale. Même si le compte n'y est toujours pas, aux yeux de Charles Fossé, éleveur en Ille-et-Vilaine et président des JA de Bretagne : "il y a des choses qui sont concrètes et qui vont avoir une vraie importance. Malgré tout, nos sujets bretons sur l'élevage restent un peu à la marge parce que ce sont des pratiques plus européennes.



"Il faut reposer à plat toute cette politique agricole commune européenne (JA)."



On a entendu aujourd'hui que le dossier était remis sur la table, et qu'on allait travailler pendant un an, ce qui est déjà une bonne chose. Il faut que derrière tout ça, on arrive à avoir de vraies avancées et qu'on puisse avoir une réponse beaucoup plus claire. Il faut reposer à plat toute cette politique agricole commune européenne." Les Jeunes Agriculteurs donnent trois semaines au gouvernement, d'ici le Salon de l'Agriculture, pour donner des garanties et prouver l'efficacité des mesures annoncées parmi lesquelles un soutien social et fiscal à hauteur de 150 millions d’euros, un renforcement de la loi Egalim, un engagement sur les imports ukrainiens, et la mise "en pause" du plan Ecophyto, dont le but est de réduire l’usage des pesticides.

Titre :Charles Fossé, président des JA de Bretagne

Crédit :Yann Launay


Coordination Rurale : "ce n'est pas la remise à plat attendue"



Pour Sébastien Abrall, président de la Coordination rurale du Finistère, les mesures restes beaucoup trop timides. "Il y a des avancées sur le fait de respecter la loi EGALIM ou sur la transmission. On avait demandé un moratoire sur la PAC et les traités de libre échange, et il n'y a rien là-dessus... J'ai toujours su que le compte n'y serait pas, parce que le mal de la profession agricole est plus profond. Le message que l'on peut donner, c'est qu'on va voir dans les semaines qui viennent comment ce qui a été annoncé peut se mettre en œuvre. Est-ce qu'il y a d'autres mesures qui peuvent sortir ... plus structurantes ? Si cela ne va pas dans le bon sens, je pense que les gens reprendront les mouvements."


Le Salon de l'agriculture ouvre dans trois semaines et Sébastien Abrall n'est "pas convaincu qu'il se passe bien."

Titre :Sébastien Abrall, président de la Coordination rurale du Finistère

Crédit :Yann Launay


Confédération Paysanne : "il n'y a pas de garantie pour l'avenir sur le bio!"



La Confédération paysanne veut elle poursuivre le mouvement, avec par exemple des blocages de centrales d'achat, comme en Loire-Atlantique. Pour Marie-Eve Taillecours, l'une des porte-parole de la Confédération dans l'Ouest, le gouvernement prolonge une agriculture industrielle vouée à l'échec. Et pour elle, les garanties données sur le revenu des agriculteurs n'en sont pas, à commencer par l'application de la loi Egalim.


"La loi EGALIM ne prévoit pas d'interdire les ventes à perte, et c'est le fondement même de cette loi qui n'encadre pas assez les prix et qui ne protège pas assez les paysans. Pour nous, 50 millions, c'est encore du saupoudrage, il n'y a pas de garantie pour l'avenir sur le bio. Je reviens sur un point de la loi EGALIM : elle oblige normalement à 20 % de bio local dans les cantines, voire dans toute la restauration à domicile et il y a plein de restaurants scolaires ou de maisons de retraite qui sont bien loin des 20 %... Il n'y a pas de sanction si ces 20 % ne sont pas respectés."

Titre :Marie-Eve Taillecours, porte-parole de la Confédération Paysanne (Ouest)

Crédit :Yann Launay

Sinon l'inquiétude grandit chez les associations de défense de l'environnement, qui dénoncent un dangereux retour en arrière concernant les pesticides, après la pause dans le "plan Ecophyto". Le Collectif de soutien aux victimes des pesticides dans l'ouest se dit "consterné", il accompagne 140 personnes officiellement reconnues en maladie professionnelle, et des dizaines d'autres en attente de l'être.