A Nantes, un syndicat du CHU alerte sur la prise en charge des patients
Publié : 20 septembre 2022 à 10h13 - Modifié : 20 septembre 2022 à 10h16 par Emilie PLANTARD
Crédit : Emilie Plantard
La CGT du CHU de Nantes vient d’écrire au procureur de la république pour dénoncer la mise en danger des patients et des soignants. Pour le syndicat, le manque de personnel induit une limitation de l’accès aux soins et des souffrances au travail. Une manifestation est prévue ce jeudi 22 septembre.
La lettre adressée au procureur a pour objectif d’alerter une fois de plus les autorités. Absentéisme record, épuisement professionnel, augmentation du nombre de départ des soignants... En 1 an, le nombre de démissions a bondi de 30%. Dans certains services, ce sont même des chirurgiens qui décident de prendre le départ... Aujourd’hui, le syndicat CGT du CHU de Nantes estime que les conditions ne sont plus réunies pour assurer une prise en charge correcte des patients. Un constat que fait également la coordination des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité. Jean-Luc Landas, ancien anesthésiste à Nantes, en est le trésorier., Il explique qu'"on ne répond pas bien aux besoins. Par exemple, en chirurgie cardiaque, le problème c’est le délai entre le moment où une chirurgie est jugée nécessaire et le moment où on vous propose une date d’intervention. Et cette date d’intervention en plus, est aléatoire. Eventuellement le jour même, la date est reportée. Les impacts, les chiffres précis, personne ne les connaît."
Aujourd’hui à Nantes, les délais d’intervention en chirurgie cardiaques sont évalués entre 2 et 3 mois. Pour autant, un patient sur 4 voit son intervention reportée le jour même.
Titre : Jean-Luc Landas, coordination des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité
Crédit :Emilie Plantard
De trop nombreux départs
Dans chaque service, le problème du manque de personnel est récurrent. En France, on estime à 200.000 le nombre d’infirmières à avoir quitté leurs postes. A Nantes, la CGT estime qu’il manque 1400 personnels au CHU, soit près de 10% des effectifs. En 2021, plus de 600 départs ont été comptabilisés parmi les para-médicaux. En 2015, ils étaient 436... "Aujourd’hui, sur le marché du travail, on ne trouve plus personne,déplore Olivier Terrien, secrétaire général CGT CHU Nantes. On n’arrive plus à compenser ces départs qui augmentent, non plus par des retraites mais par des demandes de disponibilités ou des démissions. Et malgré le manque d’effectifs, on autorise toutes ces demandes. Il y a donc bien une volonté de fermer des lits."
Un grand rassemblement de professionnels et patients est prévu à 14H devant le CHU de Nantes pour dénoncer ce manque de personnel.
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Titre :Olivier Terrien, secrétaire général CGT CHU Nantes
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Même les médecins partent dans le privé
Aujourd’hui la maternité de Nantes peut refuser des inscriptions par manque de place, les délais se sont considérablement allongés en chirurgie pédiatrique passant de 3 à 8 mois... Des délais peu compatibles avec une bonne prise en charge, selon la CGT. Aux Urgences aussi, le personnel manque. Même du côté des médecins... Florian Vivrel est médecin urgentiste contractuel, il témoigne : "On a des jeunes qui partent, donc ça créé des problèmes d’effectifs. On devrait pouvoir augmenter notre présence médicale, on n’est même pas en mesure de pouvoir conserver ce qu’on a en ce moment.On est à 1/3 des jeunes urgentistes qui demandent des disponibilités, on espère qu'ils vont revenir."
Titre :Florian Vivrel, médecin urgentiste contractuel / CGT
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Le cas particulier de la psychiatrie
Tous les services du CHU sont impactés. Mais s’il y en a Un qui l’est un peu plus, c’est peut-être le service de psychiatrie. Le manque de personnel y créé des tensions particulières et 3 épisodes de violences ont été recensés depuis fin août à l'hopital Saint-Jacques de Nantes. Un CHSCT exceptionnel se tenait ce lundi 19 septembre. Béatrice Péron-Soubra est infirmière psychiatrique au CHU de Nantes : "On est de plus en plus exposés aux risques de violence, d’agression. Une collègue témoignait qu’elle venait avec la boule au ventre et elle n’est pas la seule."
Titre :Béatrice Péron-Soubra, infirmière psychiatrique à l'hôpital de Nantes Saint-Jacques
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