A Nantes, le monde de la nuit veut pouvoir se défendre

Publié : 11 mars 2022 à 13h54 - Modifié : 11 mars 2022 à 14h13 par Emilie PLANTARD

Crédit : Emili plantard

L’association S2N, Sécurité Nocturne Nantes, veut agir contre l’insécurité grandissante à Nantes, elle organise notamment un rassemblement ce vendredi à 14H devant la mairie de Nantes, en soutient à toutes les personnes récemment agressées. Après avoir lancé les porte-clés anti-agression, elle propose également des animations de self-défense à destination des commerçants.

Alors que le tribunal de Nantes réclame toujours des effectifs supplémentaires, il manquerait 24 juges à temps complet selon son président Franck Bielitzky, les professionnels de la nuit regrettent toujours le manque de réponse judiciaire pour lutter contre l’insécurité. L’association a été créée il y a 2 ans pour dénoncer l’augmentation des faits de violence en centre-ville, en particulier le soir. Aujourd’hui, elle propose aux commerçants de suivre une initiation aux techniques de self-défense. Ecoutez Guillaume, il est le président de l’association S2N, il explique l’objectif de cette animation :


"C’est apprendre aux commerçants d’avoir les bons gestes, pour pouvoir sortir d’une situation d’agression et pouvoir prendre la fuite le plus rapidement possible et prévenir les services de secours. C’est une demande des commerçants, nous c’est un projet qu’on avait déjà dans la tête, mais c’est vrai que les commerçants nous le demandent de plus en plus. Donc la première formation a été remplie en 4 heures, 12 personnes, et celle-ci elle a été remplie en 1H30. Donc on retrouve des barmen, des restaurateurs, des cuisiniers, on a un DJ, on a un chauffeur VTC, ça va vraiment de toute profession confondue."

Titre :Guillaume, président de l’association S2N

Crédit :Emilie Plantard

Des gestes simples


Dans le bar de nuit Le Petit Marais, en centre-ville, la dizaine de commerçants écoute les conseils d’Anthony, formateur en sécurité. Le but n’est pas de leur apprendre à se battre mais de leur montrer quelques gestes pour se libérer d’une situation dangereuse :


"Moi j’avance d’un pas, du coup je viens en même temps percuter… Monsieur, s’il vous plaît, on recule… Là on est sur une animation, donc c’est aussi leur montrer qu’ils ont la capacité, alors qu’ils ne s’en rendaient pas forcément compte. On a des personnes de différentes corpulences, de différentes mentalités aussi parce que ça joue beaucoup, c’est finalement leur montrer qu’ils ont la capacité, qu’on n’est pas obligé d’en venir à la bagarre, l’idée c’est, avec des gestes simples, on se dégage, on part en courant et on va se réfugier dans un commerce, dans un endroit où on est en sécurité."

Titre :Anthony, formateur en sécurité

Crédit :Emilie Plantard

Prendre de la confiance


Parmi la dizaine de commerçants, il y a bien sûr des femmes, venues aussi prendre conseil. Val est responsable de bar, elle veut apprendre quelques gestes même si elle redoute d’avoir à s’en servir :


"On n’espère pas… C’est ça, je refuse d’être fataliste. Ça fait longtemps que je suis dans le milieu de la nuit et il y a de plus en plus d’agressivité, c’est un fait, la violence escalade beaucoup plus rapidement qu’avant, on discute moins et on va plus vite au contact malheureusement, après je pense que si on est suffisamment calme et qu’on montre que ce n’est pas une négociation, c’est une affirmation, c’est « Tu t’en vas ! », généralement c’est suffisant. Mais je pense aussi que de savoir faire ce genre de gestes, ça donne confiance en soi pour aborder plus facilement une situation comme ça. De se dire, je ne suis pas victime d’entrée de jeu en fait, j’ai des outils pour me défendre."

Titre :Les participants à la formation

Crédit :Emilie Plantard

Alexandre est barman à Nantes, il participe à la formation :


"Maîtrisez-bien le geste… On apprend à se dégager quand on est agrippé avec les 2 bras. C’est facile ? Oui, c’est des gestes simples à retenir en tous cas. Moi je me suis fait agresser il y a quelque temps dans l’établissement au moment de la fermeture et on se rend compte que notre profession est de moins en moins évidente. Du coup on n’est pas formés à ça parce que ce n’est pas notre métier de base, donc du coup c’est important qu’on nous offre la possibilité d’apprendre ça. Mais en fait ça devrait faire partie d’une formation à partir du moment où on accueille du public, on devrait être capables d’avoir ces gestes de base, on devrait tous l’avoir."


D’autres animations sont envisagées, notamment auprès du grand public. Des formations aux premiers secours seront également proposées prochainement.

Titre :Alexandre, barman

Crédit :Emilie Plantard