A Nantes, des chefs d’entreprise de l’ouest s’engagent pour le climat
Publié : 10 mars 2023 à 9h45 - Modifié : 10 mars 2023 à 15h26 par Emilie PLANTARD
Crédit : @CEC Ouest
Jusqu'au samedi 11 mars à Nantes (44), la Convention Entreprises Climat de l’ouest poursuit son parcours avec 65 entreprises et organisations de Bretagne et Pays-de-la-Loire. L’objectif est de les sensibiliser et surtout les faire aller le plus loin possible en terme de décisions.
Depuis hier (jeudi 9 mars), 63 entreprises et organismes bretons et ligériens sont réunis pour la deuxième session de la CEC Ouest, la Convention Entreprises Climat locale. C’est un événement associatif, lancé fin 2020 au national, et qui a déjà lancé 150 dirigeants sur la voie du changement, en 6 rencontres étalées sur 10 mois. L’objectif est de les confronter à la réalité du contexte environnemental actuel et de les aider à réinventer leurs modèles économiques. Parmi ces entreprises, il y a entre autres le Crédit Agricole 35, Leroy-Merlin ouest, Manitou, Kéolis, la CCI...
Il faut restaurer le vivant par le biais des activités quotidiennes
Il y a aussi des petites structures de tous les secteurs d’activité, toutes ne sont pas engagées dans une démarche RSE et quand elles le sont, ce n’est de toute façon pas suffisant avance Armelle Du Peloux, la co-fondatrice de la Convention, interrogée par Emilie Plantard.
"L’idée est de pousser les curseurs plus loin que la RSE classique, de ne pas seulement éliminer les externalités négatives, mais plutôt d'être dans la restauration du vivant parce qu’on est arrivés à un tel stade d’effondrement écologique, que le fait de faire juste de l’amélioration continue dans une démarche de RSE n’est plus du tout suffisant ni assez rapide. On l’aurait fait il y a 50 ans, et tout le monde s’y serait mis, on n’en serait pas là et ce serait possible. Aujourd’hui cela n’est plus possible et ce qu’il faut c’est conjuguer les deux : bien sûr il faut limiter les impacts négatifs, mais au-delà de ça il faut aller chercher des impacts positifs et restaurer le vivant par le biais des activités quotidiennes."
Titre :Armelle Du Peloux, co-fondatrice de la CEC et la CEC Ouest
Crédit :Emilie Plantard
Un électrochoc pour les dirigeants
C’est en Bretagne et Pays-de-la-Loire que cette convention se poursuit de manière locale cette fois, la première session a eu lieu à Rennes en janvier. Des dirigeants ont pu rencontrer des scientifiques du GIEC, ils ont visionné des documentaires, écrit une lettre à leurs enfants... Une étape comme une claque, qui les a un peu bousculés. Jean Vidal est directeur général délégué chez Charier, spécialisée dans le terrassement et les travaux publics :
"Je dirais surpris et ce n'est même pas le mot, c’est plutôt choqué... On n’est pas bien formés, on est aussi dans une forme de déni et cela nous dit que la situation est beaucoup plus grave qu’on ne le pense, cela évolue beaucoup plus vite qu’on ne le pense. On en retire un sentiment d’urgence, et juste faire de la RSE cela ne suffira pas. On passe par beaucoup d’émotions lors de cette 1ère session, mais ces émotions nous permettent de rebondir et il faut qu’on trace une feuille de route très vite, pour emmener toute le monde, nous c’est 1700 personnes, dans ce chemin."
L’entreprise a prévu de publier sa feuille de route en octobre prochain.
Un long chemin
L’entreprise Charie participe à cette convention. Ici la démarche environnementale et sociale est engagée depuis une quinzaine d’années mais le chemin à parcourir reste long et difficile. "Tout n’est pas facile, reconnaît Jean Vidal, mais par exemple vous avez le ciment et vous avez le ciment bas-carbone, qui émet deux fois moins de CO2 qu’un ciment classique, et ce sont des techniques auxquelles on peut contribuer, vous avez tout ce qui est revêtement de chaussée, par exemple les enrobés à basse température ou les enrobés froids, vous divisez par deux les émissions de CO2, ce sont des techniques qu’il va falloir qu’on prescrive, et qu’on essaie de vendre à nos clients et dans les marchés publics car ce sont eux qui décident de ce qu’ils vont acheter mais on a un pouvoir d’influence. On doit les convaincre d’acheter ces techniques bas-carbone."
Titre :Jean Vidal, directeur général délégué chez Charier
Crédit :Emilie Plantard
Objectif : Réorienter les priorités des entreprises
Jusqu’en septembre, ces dirigeants vont se rencontrer, échanger, se fédérer pour répondre à l’urgence climatique. C’est le cœur du projet. Réconcilier l’économie et le vivant, avec quelques objectifs précis.
"La première chose qui est la plus tangible et la plus évidente, explique Armelle du Peloux, c’est une feuille de route, qui permet de viser le régénératif, en passant par une phase RSE très poussée. Le 2ème livrable, c’est que les entreprises vont commencer à monter des projets coopératifs autour d’enjeux communs, comme la mobilité, sur les problèmes de ressource en eau, les problèmes liés à l’énergie... et le 3ème, celui qui ne se voit pas, mais qui est le plus important, ce sont les dirigeants eux-mêmes. C’est-à-dire qu’en sortant du parcours, l’idée c’est qu’ils aient tellement bien compris les enjeux et la capacité à choisir les priorités, peut-être des renoncements à faire, les choses les plus importantes, qu'ils pourront se mettre en communauté agissante et collaborative, dans le temps."
Tous ces dirigeants sont donc réunis jusqu’au samedi 11 mars à l’hôtel de région des Pays-de-la-Loire à Nantes. Un bilan de cette convention sera publié en fin d’année, avec les feuilles de routes de toutes les entreprises et organisations.
Prochaine session en mai à Saint-Malo, et pour en savoir plus : https://cec-impact.org