A Lorient, bars et boîtes de nuit vont tester ce week-end le capuchon anti-drogue

A Lorient, les bars et boîtes de nuit se mettent au capuchon anti drogue : deux jeunes lorientais ont eu le soutien de la mairie et de professionnels de la nuit pour passer une commande groupée, auprès d'un fabricant lillois. Les capuchons en silicone se fixent sur n'importe quel verre, et empêchent d'y introduire de la drogue, type GHB, à l'insu du consommateur. A partir de ce samedi soir (25 juin), les établissements lorientais volontaires proposeront les capuchons gratuitement ou au prix d'achat, soit 1 euro pièce.

Loïc et Simon ont lancé cette dynamique après avoir été confrontés au phénomène : en novembre dernier, lors d'une sortie en boîte de nuit, la copine de Simon a été droguée au GHB : "Elle s'est effondrée, plus capable de parler, ni de marcher. On l'a emmenée à l'hôpital, elle a été parfaitement prise en charge. Elle a été marquée, c'est assez traumatisant. Quand on est retourné en boîte de nuit ou en bar, on avait pris contact avec le fournisseur des capuchons, qui en avait donné : ma copine en prenait un à chaque fois, et ça la rassurait énormément. Elle avait aussi des demandes de filles ou garçons qu'elle croisait en boîte de nuit, et qui lui demandait d'où ça venait, s'il y avait moyen d'en avoir. On a voulu directement faire une action  de groupe, et pas seulement en commander pour notre propre usage."

Une capote sur le verre

Ce lancement des capuchons avec la participation de bars et boîtes de nuit est une façon de réellement démocratiser ce que Loïc, comme beaucoup de jeunes, appelle "capote à verre" : "Cela dédramatise un peu la chose, ça le rend plus ludique... Et comme nous a dit un gérant, j'ai adoré cette phrase : on n'attend pas d'avoir une MST pour mettre une capote. Là ça va être pareil : on n'attend pas de se faire droguer pour mettre un capuchon pour verre... On en avait un peu marre que ça traîne, et on ne voulait pas que ce soit fait individuellement, parce que déjà ça coûte trop cher... On préférait que ça vienne des gérants, c'est cool que cela soit relayé à grande échelle."

La sécurité des clients avant tout

Loïc et Simon ont reçu le soutien de la municipalité de Lorient, et de gérants comme Jessica Chapelain, qui dirige une boîte de nuit du centre-ville. Jessica est aussi présidente de l'UMIH discothèque (Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie), et elle  ne le cache pas : certains gérants de lieux festifs sont réfractaires, ils ont refusé de participer à cette opération, et ne veulent pas proposer de capuchons anti-drogue :

"Ils se disent que s'ils mettent ça en application dans leur établissement, c'est parce qu'ils ont eu des cas. Alors que c'est faux. Moi je n'ai pas eu de cas dans mon établissement, et je suis ces jeunes parce que je me dois de faire de la prévention. Je pense qu'un élan va se créer, quand des clients vont arriver dans des établissements qui n'auront pas de capuchons, ils en demanderont et les gérants se rendront compte que c'est important que les clients se sentent en sécurité dans nos établissements. Je pense que les choses vont se faire comme ça."

A ceux qui estiment que le capuchon crée une psychose, Morgane Christien, adjointe au maire de Lorient en charge de la prévention santé, répond que c'est justement le parfait dispositif anti-psychose :"Il faut que les gens puissent s'amuser tranquillement, je dirais que comme d'autres dispositifs de prévention et de sécurité, il va peut-être falloir que chacun prenne les bonnes habitudes et puisse aller en soirée avec son capuchon pour se protéger. Derrière il y a aussi peut-être une question d'hygiène : quand on est en soirée, on ne fait pas attention, on pose son verre, il tombe... Peut-être qu'on fera un peu plus attention, on a son verre, il est protégé, on ne pense pas à toutes ces choses négatives, on pense juste à s'amuser et je pense que tout le monde en a besoin aujourd'hui."

Au-delà des bars et boîtes de nuit, de grands événements de l'été comme le Festival interceltique de Lorient (FIL) envisagent de proposer ces capuchons.