Bretagne. Le marché des salons de coiffure se régule pour Jean-Yves Scotto di Cesare
Publié : 24 août 2023 à 8h40 - Modifié : 24 août 2023 à 9h37 par Dolorès CHARLES
Crédit : Yann Launay
Dans l'actualité économique, votre salon de coiffure a peut-être fermé pendant l'été ? Ces entreprises, dont le nombre avait explosé après le Covid-19, ont certaines difficultés à tenir aujourd'hui financièrement. En cause, des clients qui espacent les coupes ou les couleurs, une concurrence "déloyale" des Barber-shop, ou le remboursement du Prêt Garanti par l'Etat (PGE).
Les fermetures de salons de coiffure se multiplient, dans l'Ouest comme dans toute la France. Les temps sont durs, entre l'augmentation des charges, et les clients qui espacent les rendez-vous pour réduire leur budget esthétique. Mais pour le président de l'UNEC Bretagne (l'Union des entreprises de coiffure), le nombre de salons avait augmenté de façon excessive ces dernières années.
"Ce marché va se réguler maintenant, il va avoir encore beaucoup de casse malheureusement"
Pour Jean-Yves Scotto di Cesare, qui gère plusieurs salons morbihannais ainsi qu'une école de coiffure à Vannes, on assiste à une forme de régulation de la profession : "Il y avait trop de salons, aujourd'hui, on est à 100 000 salons de coiffure sur le territoire et on était à 85 000 il y a trois ans. Il y a eu énormément de salons d'auto-entrepreneurs qui se sont installés post Covid- - c'est le Covid qui a déclenché tout ça. Et certains sont en train de fermer parce qu'ils se rendent compte que leur plan économique ne tient pas la route. Ils arrêtent et cela va donner un peu de l'air aux salons bien implantés. Ce marché va se réguler maintenant, il va avoir encore beaucoup de casse malheureusement."
Titre :Jean-Yves Scotto di Cesare
Crédit :Yann Launay
Les salons vont devoir augmenter les tarifs pour faire face
Pour la plupart des salons de coiffure, les stigmates de la période covid s'additionnent aux conséquences de l'inflation pour réduire le chiffre d'affaires. Pour Jean-Yves Scotto di Cesare, les salons vont devoir augmenter les tarifs pour faire face : "Le coût de l'énergie, multiplié par trois, voire par quatre sur certains secteurs. Quelque chose de très positif, mais qui engendre une baisse de trésorerie, c'est l'augmentation des salaires chez nous : deux augmentations en deux ans. Fatalement, il faut pouvoir les amortir. Il y a tous les remboursements des prêts PG, les prêts garantis par l'État, on commence à les rembourser depuis six mois, un an. Effectivement, l'augmentation des matières premières et des produits, plus de 10 % de nos fournisseurs et à un moment donné, si on veut s'en sortir, il faudrait augmenter de 20 % nos tarifs en moyenne. Vu que ce n'est pas possible d'augmenter de 20 %, cela devient compliqué mais de toute façon, il faudra augmenter entre 5 et 10 % sinon on n'y arrivera pas."
Crédit : Yann Launay
Titre :Jean-Yves Scotto
Crédit :Yann Launay
Une concurrence déloyale avec les Barber
Dans ce contexte difficile, la concurrence déloyale des coiffeurs illégaux est dénoncée : l'UNEC Bretagne va d'ailleurs se porter partie civile dans une affaire qui vise un barber shop du Morbihan. Ce salon est loin d'être un cas isolé, et la justice doit les fermer avance Jean-Yves Scotto di Cesare. "La problématique de ces salons, c'est un du travail clandestin, des gens sous payés, des travailleurs étrangers sans papier - et c'est ce qu'on appelle les salons barber, qui sont tous à 10 - 12 €... Mais 10 €, ça ne passe pas, c'est qu'à un moment donné, la marge se fait autre part : ils ne payent pas leurs salariés, ils ont d'autres trafics pour faire rentrer de l'argent... Et en attendant ils font de la concurrence déloyale à la profession."
Titre :Jean-Yves Scotto
Crédit :Yann Launay
Hausse des salaires et semaines à 4 jours
"Cesare" ne le cache pas : des mois difficiles attendent encore la profession, mais il se veut optimiste pour le moyen terme et souligne qu'un problème majeur de ces dernières années : l'attractivité de la profession, commence à se résorber. Dans l'école de coiffure qu'il dirige, Jean-Yves Scotto di Cesare constate une augmentation du nombre d'inscrits, et le mouvement est général.
Le président de l'UNEC Bretagne y voit le résultat des efforts de la profession pour améliorer les conditions de travail comme l'augmentation des salaires ou les semaines à quatre jours. "Moi, dans mes salons, ils ont un samedi sur trois de repos, etc. La mutation de la profession passe par là et fatalement, ça va encourager les jeunes à rentrer dans nos salons. La différence, c'est que maintenant les jeunes se renseignent sur l'état d'esprit du salon, sur comment fonctionne le salon, sa politique sociale et choisissent tel ou tel salon pour postuler... Mais c'est plutôt intéressant."
Titre :Jean-Yves Scotto
Crédit :Yann Launay