Séisme. De retour à Saint-Nazaire, le pompier Michel Buisson retient la solidarité marocaine

Publié : 19 septembre 2023 à 13h39 - Modifié : 19 septembre 2023 à 13h40 par Dolorès CHARLES

Crédit : GSCF

Parti il y a une semaine au Maroc avec l'ONG Groupe Secours Catastrophe Français (GSCF), le pompier de Saint-Nazaire Michel Buisson est revenu ce week-end et il nous décrit des habitations détruites, mais une aide suffisante et une solidarité humaine incroyable.

Une dizaine de jours après le tremblement de terre au Maroc qui a fait des milliers de victimes (dernier bilan : près de 3 000 morts et plus de 5 600 blessés), l’aide d’urgence continue d’affluer dans les villages du Haut Atlas, une zone particulièrement touchée par le séisme. Michel Buisson, un sapeur-pompier de Saint-Nazaire (44), est parti avec le Groupe de Secours Catastrophe Français, la seule ONG française présente au Maroc, afin de porter assistance à la population dans le secteur de Taroudant.


Dolorès Charles l’a joint au retour de sa mission axée essentiellement sur les soins : "on a quitté le Maroc vendredi soir et nous sommes revenus dans la nuit de samedi (16 septembre). Une mission express de quelques jours, pour secourir les victimes qu'on aurait pu trouver et préparer l'intervention de la deuxième équipe de GSCF, arrivée sur place jeudi dernier - 14 septembre." Cette équipe a permis d'amener du matériel qu'on n'avait pas amené.



"Toutes les habitations sont détruites, que ce soient celles faites en terre et pierre, et même les nouvelles faites en béton. Tout est inhabitable, par terre ou instable."



Michel Buisson a travaillé sur la province de Taroudant : "notre point de chute était Tizi N' Test à 2000 mètres d'altitude, dans le Haut Atlas, où il y a eu près de 500 morts sur 5 000 habitants. Là, on a fait un point avec l'armée qui gérait la situation. Il ne manquait pas d'eau, ni de vivres... et on a été dirigés sur un secteur qui n'est pas très loin, et là-bas, tout était détruit. Toutes les habitations, que ce soient les habitations traditionnelles (faites en terre et pierre) et même les nouvelles constructions faites en béton. Tout est inhabitable, par terre ou instable."


Les gens ont été secourus immédiatement, et nous, quand on est arrivés, les morts avaient déjà été sortis des décombres. Avec l'habitation traditionnelle, il n'y avait pas d'espace de survie, comme on pouvait avoir en Turquie (ndlr : sa dernière mission). On a essentiellement fait du soin parce qu'il y a eu beaucoup de victimes, dont de nombreux enfants. Ils avaient déjà été soignés par l'armée, et nous avons fait ce qu'on appelle une permanence de soins. On a même pu évacuer les victimes les plus graves."

Titre :Miche Buisson

Crédit :Dolorès Charles

Les Marocains ont des tentes pour s'abriter ?


"La deuxième équipes du GSF a ramené de nombreuses tentes, mais les villages de Adebdi et Tizirte étaient accessibles uniquement à pied. La mission était donc physique, car on s'engageait sur des chemins montagneux, en bordure de ravins, avec des sacs de 20 kilos de matériel chacun et plusieurs heures de marche parce qu'il y a un fort dénivelé." Des tentes, du matériel, des outils, tout ce qui peut leur permettre de tenir ces prochains jours, avec l'hiver qui approche et avec la pluie attendue.



L'ONG appelle toujours aux dons pour "des tentes mais aussi des couvertures et des duvets. Au niveau nourriture, ils avaient ce qu'il fallait sur notre secteur. Il y a une chaîne de solidarité incroyable au Maroc, que ce soit des Marocains qui viennent de Tanger, de Casablanca, que ce soit des Franco marocains, des Marocains de Belgique... On a croisé pas mal de diversité sur ses chemins montagneux. Mais la grande peur aussi des habitants et des ONG sur place, c'est la baisse de cette solidarité qui va arriver dans les semaines à venir, forcément."

Crédit : GSCF


"Ils nous donnaient plus que ce qu'on leur envoyait presque"



Pour Michel Buisson, "il n'y a pas de mission qui se ressemble - elle est très différente de la Turquie, où on était plutôt sur une mission de sauvetage. Là, on est sur une mission d'assistance et même de fin de secours parce qu'on a quand même fait des soins, mais c'est une mission très physique. On a logé avec les habitants qui nous accueillaient et tous les jours on montait dans cette montagne ... mais on sait pourquoi on le fait. Je ne peux pas vous décrire les émotions, mais c'était vraiment très fort humainement cette mission. On voyait l'intérêt de ramener ce matériel et ... finalement ils nous donnaient plus que ce qu'on leur envoyait ..."