Loire-Atlantique : les élus ruraux réclament une hausse des indemnités

Publié : 1er septembre 2023 à 7h55 - Modifié : 1er septembre 2023 à 9h05 par Tom ROSSI

Crédit : Association des maires ruraux 44

Déprime, burn out, manque de reconnaissance et protection... En France, les démissions d'élus ruraux se multiplient. Face à ce constat, l’Association des Maires Ruraux de Loire-Atlantique (44) réclame une augmentation des indemnités et un meilleur accompagnement des élus.

Les démissions pleuvent en France : plus de 1 200 maires ont jeté l’éponge depuis 2020. Un chiffre en hausse de plus de 5% par rapport à la mandature précédente. En Loire-Atlantique par exemple, le maire de Sainte-Pazanne, Bernard Morilleau a annoncé sa démission ce jeudi 31 août après 18 ans de mandat, deux élections sont prévues cet automne suite à des départs au Bignon et à La Chevallerais. En mai dernier, il y en a eu deux autres à La Chapelle-Heulin et Ruffigné.


Face à ce constat, l’Association des Maires Ruraux du 44 a mené une enquête auprès des élus des 114 communes de moins de 3 500 habitants du département,. Il en ressort que 57% jugent leurs indemnités insuffisantes, 62% considèrent ne pas être assez formés et un tiers des élus disent faire des insomnies.


 



"Il y a un réel enjeu démocratique à trouver des solutions"



Ces chiffres inquiètent Roch Cheraud, co-président de l’association et maire de Saint-Viaud, commune du pays de Retz : "Si on n'a pas les bonnes conditions pour remplir sa mission, on aura un manque de vocation. On l'a déjà vu, en 2020, lors des dernières élections municipales, il n'y a eu qu'une seule liste dans beaucoup de villages. Dans notre communauté de communes du Sud Estuaire, il n'y avait qu'une liste dans quatre des six communes (Saint-Viaud, Corsept, Frossay et Saint-Père-en-Retz). Cela veut dire qu'à partir du moment où vous déposez une liste, vous êtes élu. Il y a un réel enjeu démocratique à trouver des solutions, car, lors des prochaines élections en 2026, quelqu'un d'assez mécontent pourrait réunir quelques amis et remporter une élection municipale assez facilement s'il n'a pas de liste en face.. et ce, même si les gens de la commune n'en veulent pas." 

Titre :Enjeu démocratique

Crédit :Tom Rossi


"Vaste chantier sur la santé mentale des élus"



Pour contrer ce manque de vocation, Roch Cheraud propose notamment une revalorisation des indemnités des élus des 32 000 communes rurales françaises (sur 35 000 communes au total). Lui n'est par exemple rémunéré qu'à hauteur de 1200 euros net par mois. Pour le moment, le gouvernement ne songe qu’à revaloriser les élus des villes de 3 500 à 100 000 habitants. 


Le maire de Saint-Viaud évoque égalerment trois autres leviers pour remedier à ce blues des élus ruraux : "il faudrait que le code du travail prévoit que cette période de parenthèse pour l'élu ne soit pas pénalisante quand il revient dans la vie active. Qu'il ne paye pas cet engagement citoyen sur son ancienneté, son poste dans l'entreptrise ou son droit à la retraite. L'un des autres leviers, c'est la protection de ces élus, concernant les procédures judiciaires à leur rencontre, et puis, il y a un vaste chantier à mener sur la santé mentale et cette charge de travail de plus en plus forte : derrière ces élus, il y a des femmes et des hommes qui souffrent. Les burn out se multiplient et c'est très inquiétant."

Titre :Les leviers pour remédier à ce manque de vocation

Crédit :Tom Rossi

Ces mots résonnent tristement avec le suicide l’année dernière du maire de Rezé, Hervé Neau, au sein de sa mairie. Si rien n’évolue, le co-président de l’Association des Maires Ruraux de Loire-Atlantique pense qu’on battra un record sur le nombre de communes avec une seule liste candidate aux élections municipales de 2026.