GAD : 10 ans après un nouveau projet sur le site de Lampaul-Guimiliau
Publié : 11 octobre 2023 à 18h39 par Dolorès CHARLES
Crédit : Yann Launay
C'était le 11 octobre 2013, l’annonce de la fermeture de l’abattoir de porcs GAD à Lampaul-Guimiliau faisait l’effet d’une bombe dans le Finistère. 889 emplois étaient supprimés Aujourd’hui les ex salariés GAD conservent en mémoire les traces de cette lutte. Le site lui va revivre grâce à l'entreprise Bretagne Lin.
C'était il y a dix ans, jour pour jour (ce mercredi 11 octobre) : l'abattoir Gad de Lampaul-Guimiliau annonçait sa fermeture définitive, laissant 889 salariés sur le carreau. Dix ans après, l'usine s'apprête à revivre, pas pour abattre des cochons, mais pour extraire et utiliser la fibre de lin. C'est l'entreprise Bretagne Lin qui s'apprête à racheter le site. La jeune société est installée aujourd'hui à quelques kilomètres de là, à Landivisiau, où elle fabrique des filets destinés à l'emballage des fruits et légumes.
"Comme dans le cochon, tout est bon, eh bien nous on dit dans le lin, tout est bien !"
L'objectif est de créer à Lampaul une usine de teillage du lin, pour dissocier les différents composants de la plante et les valoriser, comme l'explique Dominique Le Nan, fondateur de Bretagne Lin à Yann Launay : "De chez le producteur arrivent des petites balles de paille de lin, dans le process on vient séparer mécaniquement les éléments entre eux, on a la fibre de lin longue qui va servir à faire du fil de lin pour les confections, qui sera vendu à des filateurs. On vient séparer également les fibres courtes, cassées dans les process, qui vont servir soit dans le marché du textile, soit dans le marché de la papeterie, soit éventuellement pour les plus bas de gamme dans l'extraction de cellulose. Et on a aussi les anas de lin - le milieu de la paille - c'est un peu le bois du lin également. On peut en faire demain des pellets de bois pour chauffer les maisons par exemple."
Titre :Dominique Le Nan, fondateur de Bretagne Lin
Crédit :Yann Launay
Un projet de deuxème ligne d'ici 5 à 6 ans
L'ancien abattoir est-il adapté à cette activité, et le site n'est-il pas surdimensionné ? "Une partie a été rasée il y a quelques années et aujourd'hui, répond Dominique Le Nan, on construit à peu près 16 à 17 000 m2 ce qui est déjà assez grand. Une usine de teillage - ce sont des lignes qui font 90m de long, en sachant que dans un premier temps, on va démarrer avec une première ligne. Notre projet sur 5 à 6 ans est de basculer sur une deuxième ligne. Si on devait faire une usine neuve, on serait à peu près à 10 000 m2, mais aujourd'hui, entre les coins et recoins historiques, etc. forcément, on aura un peu de pertes de m2 qu'on essaiera de valoriser soit par du stockage, soit par la préparation de matières, pour valoriser et augmenter la valeur ajoutée de l'usine."
Crédit : Yann Launay
Titre :Dominique Le Nan, fondateur de Bretagne Lin
Crédit :Yann Launay
"D'un point de vue économique en tous les cas, racheter le site n'est pas forcément intéressant"
Le fondateur de Bretagne Lin, Dominique Le Nan, ne le cache pas : racheter l'ex usine Gad (pour environ 500 000 euros) ne présente pas que des avantages mais l'entrepreneur n'est pas insensible à l'histoire du site comme aux attentes d'une renaissance.
"D'un point de vue économique en tous les cas, racheter le site n'est pas forcément intéressant, malgré un prix qui apparaît peu cher au départ, on sait très bien qu'il y a beaucoup de remise en état à faire puisque le site est vide ou quasiment depuis à peu près dix ans. Mais de faire revivre ce site qui est à côté de chez nous, à deux ou trois kilomètres, en sachant qu'on connait du monde, qui a travaillé là bas (je suis, moi-même natif d'une petite commune à côté, mon conjoint y a travaillé et on connaît plein de gens qui ont travaillé - on sait toute la dramatique sociale que cela a donné et on entend encore beaucoup de gens en parler avec une certaine émotion, de faire revivre ce site forcément, ils sont très intéressés par ça et c'est un engouement positif."
Titre :Dominique Le Nan, fondateur de Bretagne Lin
Crédit :Yann Launay
Bretagne Lin souhaite travailler du lin produit en Bretagne
Mais la production suivra-t-elle pour faire tourner l'usine en permanence ? Dominique Le Nan se dit serein : "On a travaillé déjà avec 29 producteurs en 2023, ils seront 87 ou 88 en 2024... On était spécifiquement localisés en terme de production sur le Nord Finistère et on va développer dans les Côtes d'Armor à partir de l'année prochaine... Aujourd'hui, on n'a pas de problème pour trouver de nouveaux producteurs parce qu'en terme environnemental, c'est une culture qui est extrêmement intéressante : quasiment pas d'azote, voire pas du tout et c'est 3 à 4 fois moins d'intrants cas qu'une culture de céréales, avec des marges qui sont nettement plus intéressantes pour les producteurs..."
Titre :Dominique Le Nan, fondateur de Bretagne Lin
Crédit :Yann Launay
La communauté de communes vient de donner son feu vert à la vente. La signature devrait intervenir à la fin du mois. L' activité pourrait démarrer dès 2025, avec une soixantaine d'employés dans un premier temps.