Ciaràn. Les réfugiés électriques de Bretagne commencent à trouver le temps long
Publié : 7 novembre 2023 à 17h26 - Modifié : 7 novembre 2023 à 18h02 par Dolorès CHARLES
Crédit : Yann Launay
Privés de courant, et aussi parfois de téléphone. Les bretons et en particulier les finistériens peinent à retrouver une vie normale six jours après la tempête Ciaràn. Reportage dans le secteur de Landivisiau auprès de ces "réfugiés électriques".
Six jours après la tempête Ciaràn, et malgré les moyens déployés par Enedis, 55 300 foyers sont encore privés d’électricité ce mardi 7 novembre, dont plus de 35 000 dans le Finistère. Pour réalimenter tous les secteurs, 3 400 techniciens sont mobilisés... et du côté des télécoms, environ 150 000 bretons n’ont toujours pas accès au réseau mobile Orange. 90% des réseaux télécoms seront toutefois rétablis en fin de semaine a promis le Ministre chargé du numérique, en visite hier dans le Finistère à Rosporden et Quimper.
Ces réfugiés électriques sont les plus nombreux dans le Finistère
A Guimiliau, par exemple, près de Landivisiau, environ la moitié de la population a retrouvé le courant dimanche soir, grâce au raccordement de puissants groupes électrogènes. Mais pour les autres habitants, l'attente se prolonge, comme pour Aude et sa famille rencontrées par Yann Launay. "Heureusement que la mairie nous accueille gentiment pour recharger nos téléphones, sinon c'est le système D. On a été acheter des réchauds dans une grande marque de magasin de sport... On a de l'eau et comment on occupe le temps ? On fait des jeux de société à la bougie et on va assez tôt au lit parce qu'il ne fait pas très chaud dans la maison. Ce matin, j'avais 14° ! J'ai eu plusieurs propositions pour prendre une douche ou me réchauffer au coin du feu ! Il y a une solidarité, et ça fait plaisir... Il faut relativiser, il y a largement pire dans notre région et le monde. Les salariés d'Enedis font ce qu'ils peuvent pour rétablir la situation. Il n'y a plus qu'à attendre."
Titre :Aude
Crédit :Yann Launay
"Ça, commence à devenir un peu difficile"
Les habitants saluent les efforts de la mairie comme des agents Enedis, mais certains commencent à trouver le temps franchement long et se désespèrent de retrouver le courant, comme Annick : "si encore on savait quand cela permet de s'organiser, mais on ne sait pas quand et cela commence à faire long... On n'est plus tout jeune et on ne sait pas quoi faire, on ne voit pas clair le soir. Le frigidaire, le congélateur, tout est fichu, etc. Je viens de vider aujourd'hui ce qui restait. On se couvre, on fait la cuisine sur un petit Butagaz, on a des lampes de poche et des bougies... c'est un peu difficile."
Même son de cloche pour la maire de Paimpol dans les Côtes-d'Armor : l'élue Fanny Chappé a pris la parole hier (lundi), car elle estime que cela commence à faire long pour les habitants, surtout les personnes âgées qui se sentent "isolées et oubliées". Elle avance aussi la détresse de certains professionnels et agriculteurs.
Guimiliau (tempête Ciaràn)
Crédit : Yann Launay
Titre :Annick
Crédit :Yann Launay
La solidarité dans la famille ou entre voisins
Depuis 5 jours, 3 400 techniciens d’Enedis s’emploient à rétablir l’électricité en Bretagne, mais dans certaines communes comme Guimiliau, les réparations prendront encore un peu de temps. Enedis y achemine des groupes électrogènes, faute de pouvoir réparer rapidement. Certaines lignes coupées sont difficiles d’accès, comme l’explique Jean-Jacques Thepaut, adjoint au maire de Guimiliau, devant un poteau électrique brisé : "ici, on est dans une vallée et il y a des pins ou des sapins qui sont très hauts. C'est pour ça qu'ils ont pris beaucoup de vent et le sol est tellement détrempé que les racines n'ont pas tenu. Cela a entraîné le câble électrique et cela a cassé ce poteau en ciment et ferraillé... Il y en a deux autres comme ça, un peu plus loin dans le même état..."
Dès les heures qui ont suivi la tempête, la municipalité s'est organisée pour venir en aide aux habitants, à commencer par les plus vulnérables : "certains ont de la famille et arrivent à s'en sortir, mais d'autres n'en ont pas. On leur envoie de l'eau, on va les voir régulièrement. Il y a eu beaucoup de solidarité entre les gens, que ce soit dans les familles ou entre voisins. C'est le côté positif, les gens apprennent à se parler et à se rencontrer."
Titre :Jean-Jacques Thepaut, adjoint au maire de Guimiliau
Crédit :Yann Launay
L'arrivée de groupes électrogènes de forte capacité devrait permettre de réalimenter dans les jours qui viennent une grande majorité des habitants ..