Bronchiolite. Début de l'épidémie en région Pays de la Loire

Publié : 9 octobre 2023 à 9h59 - Modifié : 10 octobre 2023 à 8h07 par Dolorès CHARLES

Crédit : Dolorès Charles

Après une épidémie très intense l'hiver dernier, la bronchiolite est de retour et à date dans l'ouest, seule la région Pays de la Loire est en phase pré épidémique. Au CHU de Nantes, comme ailleurs en France, priorité a été donnée aux tout petits pour le traitement préventif "Beyfortus", victime de son succès. Il est introuvable en pharmacie.

Le retour de la bronchiolite - cette infection virale touchant principalement les nourrissons et les enfants de moins de deux ans : quatre régions, dont la région Pays de la Loire, ont été placées en phase pré-épidémique, ce qui va sans doute inciter des parents à pousser la porte d'une pharmacie pour se procurer le nouveau traitement "Beyfortus", mais ils risquent fort de ne pas le trouver. L'approvisionnement a du mal à suivre la demande, et les pharmacies ne sont pas prioritaires, contrairement aux maternités.



"Priorité a été donnée aux tout petits parce que ce sont eux qui faut les formes graves"



En fait le Beyfortus est victime de son succès, les autorités n'avaient pas anticipé un tel plébiscite, comme l'explique le professeur Christèle Gras-Le Guen, chef du service de pédiatrie au CHU de Nantes, interrogée par Dolorès Charles. "Compte-tenu de ce qu'on avait déjà comme repères, l'adhésion des parents français pour la vaccination Covid, on est à moins de 5 %, pour la vaccination rotavirus on est à moins de 10 %, on avait fait le pari qu'on serait autour de 30 % d'acceptation des jeunes parents quand aujourd'hui on est probablement au delà de 90 %. Priorité a été donnée aux tout petits parce que ce sont eux qui font les formes graves, priorité donnée aux maternités par rapport aux pharmacies d'officine, même si c'est quelque chose qui est temporaire, et pour lequel on espère avoir des réapprovisionnements prochains, de manière à pouvoir protéger le plus d'enfants possible. Mais la priorité, ce sont les enfants qui font les formes graves qui vont en réanimation et ce sont donc les maternités et les services de néonatologie pour les plus fragiles."

Titre :Professeur Christèle Gras-Le Guen

Crédit :Dolorès Charles


"On a préparé cette épidémie comme jamais !"



Devant ces ruptures de stock, faut-il redouter l'épidémie de cet hiver et s'attendre à un engorgement des urgences pédiatriques. Le Professeur Gras-Le Guen se veut rassurante : "la campagne de prévention cela fait déjà plusieurs semaines qu'on en parle et elle repose sur le Beyfortus, mais pas que, et le message pour les jeunes parents, c'est vraiment qu'on puisse aussi s'appuyer sur des mesures barrières spécifiques aux tout petits : c'est bien de garder les tout petits à l'abri des microbes, éviter les lieux confinés où il y a beaucoup de gens et donc beaucoup de virus. Quand vous faites les courses de Noël et les galeries marchandes avec un tout petit, il faut savoir que les virus, eux aussi, font leurs courses. Pour tout l'entourage malade, un simple rhume chez l'adulte, peut donner une bronchiolite gravissime chez un tout petit. Il faut savoir se mettre à l'abri et soi-même quand on est parent et qu'on est malade, porter un masque le temps de guérir."

Crédit : Dolorès Charles

Titre :Le professeur Christèle Gras-Le Guen

Crédit :Dolorès Charles

Une épidémie très intense l'an dernier


Si le traitement préventif Beyfortus connaît un tel succès, c'est peut-être aussi parce que l'épidémie particulièrement forte de l'hiver dernier est encore dans les esprits, mais pour le Pr Gras-Le Guen, l'épidémie de cet hiver ne sera pas forcément aussi intense ."L'année dernière, l'épidémie de bronchiolite a été historique, précoce et surtout très intense : il y a eu plus de 100 000 enfants à passer dans les urgences pour bronchiolite, près de 45 000 enfants hospitalisés, dont 2 500 en soins critiques ou en réanimation. C'était très intense.


Il y a eu probablement l'effet post-covid, post-confinement où pendant deux ans, les virus ont très peu circulé, les sujets n'étaient plus immunisés, que ce soit les grands ou les petits, et de nouveau les virus ont beaucoup circulé... [On va] peut être revenir à des épidémies plus classiques, mais ça, c'est la suite qui va nous le dire."

Titre :Le Professeur Gras-Le Guen

Crédit :Dolorès Charles

Un traitement préventif


Le Beyfortus n'est pas un vaccin, mais un traitement préventif qui repose sur un anticorps. C'est "un traitement totalement nouveau, qui est un anticorps destiné à bloquer le virus de manière à ce qu'il ne rentre pas dans les cellules respiratoires, pour éviter les formes graves de la maladie. Ce qu'on a observé sur les hivers précédents, c'est que dans les réanimations, les enfants qui sont hospitalisés pour bronchiolite, sont des bébés de quelques jours et ce sont eux qui font les formes graves et tout naturellement, ce sont eux qu'on veut protéger en priorité... c'est pour ça que ce produit est proposé aux jeunes parents avant la sortie de maternité, de manière à ce que les bébés puissent être protégés dès leur sortie et dès leur premier jour de vie."

Titre :Le professeur Christèle Gras-Le Guen

Crédit :Dolorès Charles

Le Professeur Gras-Le Guen a bon espoir de voir le traitement Beyfortus de retour en pharmacie dans les semaines qui viennent. Ce lundi dans Aujourd'hui en France, l'efficacité du traitement est remise en cause, pour autant selon notre interlocutrice, "l'efficacité déjà observée pour le Beyfortus dans les essais cliniques menés jusqu'alors incluant plus de 8 000 enfants".