Bretagne - Pays de la Loire. Les Banques Alimentaire face à la forte demande des plus démunis
Publié : 7 septembre 2023 à 18h49 - Modifié : 7 septembre 2023 à 18h53 par Dolorès CHARLES
Crédit : Yann Launay
Après l'alerte des Restos du cœur dimanche (3 septembre), La Croix rouge et le Secours populaire ont suivi cette semaine. Tous font face à un accroissement du nombre de personnes en situation de précarité, et à une baisse des dons. Les Banques alimentaires, qui fournissent les associations, sont logiquement face aux mêmes préoccupations. Le point avec le Coordinateur Bretagne - Pays de la Loire des Banques alimentaires.
Depuis l'appel des Restos du Cœur, dimanche dernier, c'est l'ensemble des associations caritatives qui tire la sonnette d"alarme : elles sont prises en étau entre l'augmentation du nombre de bénéficiaires et la hausse des charges. Les Banques alimentaires n'y échappent pas. Le plus grand réseau d'aide alimentaire en France peine à fournir les milliers d'associations et de centres d'action sociale qu'elles accompagnent. Exemple en Ille et Vilaine, où le nombre de bénéficiaires a été multiplié par deux, depuis 2020.
"Notre philosophie est de répartir les produits disponibles de façon équitable"
Difficile de faire face à cette progression du nombre de bénéficiaire pour Gilles Le Pottier, président de la Banque alimentaire de Rennes et coordinateur Bretagne - Pays de la Loire : "Nous ne donnons pas moins globalement, mais comme la demande est plus forte, ce qui revient quand même à ne pas satisfaire les besoins exprimés par nos associations d'aide aux plus démunis. Notre philosophie est de répartir les produits disponibles de façon équitable. Nous agissons sur deux leviers : d'abord, diminuer les approvisionnements qui nous sont demandés et de l'autre, essayer de substituer les produits demandés par d'autres et par exemple, si nous sommes en rupture de riz, nous essayons de fournir des pâtes ou des graines de couscous, mais pour d'autres produits comme le lait, c'est nettement plus difficile."
Titre :Gilles Le Pottier, coordinateur Bretagne - Pays de la Loire
Crédit :Yann Launay
La baisse des poductions françaises
Les associations sont impactées par l'augmentation de leurs charges, mais pour Gilles Le Pottier, ce n'est pas seulement une question d'argent : il est aussi de plus en plus délicat de s'approvisionner auprès des industriels de l'agroalimentaire. Dans l'entrepôt de la Banque alimentaire de Rennes, les étagères dédiées aux dotations de l'Etat et de l'Union européenne ont nettement diminué, et les ruptures de stock sont de plus en plus fréquentes.
La cause est à chercher du côté du contexte économique de l'agriculture française : "Si vous regardez l'ensemble des productions agricoles françaises, on a une baisse de la production laitière, on a une baisse de la production de blé pour faire des semoules. On a des baisses de production de légumes et moins de matières à transformer, donc moins de matières à livrer aux clients habituels, les supermarchés et autres restaurations d'entreprises. Les industriels que nous rencontrons nous parlent en permanence de leurs problèmes à respecter leurs engagements vis à vis de leurs clients réguliers. De ce fait, l'aide sous forme de dons est diminuée et (devient) aléatoire pour nous."
Crédit : Yann Launay
Crédit : Yann Launay
Titre :Gilles Le Pottier, coordinateur Bretagne - Pays de la Loire
Crédit :Yann Launay
Les grandes fortunes de France, les Bleus...
Les annonces de dons se multiplient, depuis l'appel au secours des Restos du Cœur : après Bernard Arnault, après les joueurs de l'équipe de France de football, Barilla, D'Aucy, Panzani, c'est Danone qui annonce une livraison d'un million de yaourts supplémentaires aux Restos. De son côté, le Crédit Mutuel veut donner 12,5 millions d'euros pour la Croix-Rouge et les Banques alimentaires.
Gilles Le Pottier salue ces dons mais se méfie des effets d'annonce, et des éventuels effets pervers de ces dons très médiatisés : "Bien évidemment, certains distributeurs, certains noms de l'agroalimentaire vont essayer de répartir ce qu'ils ont l'habitude de donner, sans pour autant augmenter considérablement les volumes de dons. Il ne faudrait pas déshabiller Pierre pour habiller Paul, comme les Restos du cœur ont fait une alerte, qui est portée par l'ensemble des associations d'aide aux plus démunis, il ne faudrait pas qu'il y ait une répartition des dons différemment sans qu'il y ait une augmentation de ces dons. Le sujet du moment, c'est de faire en sorte que les donateurs soient plus nombreux et plus généreux."
Titre :Gilles Le Pottier, coordinateur Bretagne - Pays de la Loire
Crédit :Yann Launay
"Un produit donné doit être remis aux plus démunis"
Pour Gilles Le Pottier, cet appel des Restos du cœur peut au final servir la cause de l'ensemble des associations caritatives, d'autant que les Banques alimentaires, les Restos, la Croix-Rouge, le Secours populaire ne sont pas concurrentes mais travaillent déjà en bonne intelligence :
"La rentrée est le moment de faire un état des lieux et les Restos ont fait cet état des lieux préoccupant que nous comprenons et que nous partageons et nous partageons aussi avec eux et avec d'autres associations, les produits quand nous en avons en excès. Il n'y a pas de barrières et la lutte contre le gaspillage s'applique également chez nous. Un produit donné doit être remis aux plus démunis."
Titre :Gilles Le Pottier, coordinateur Bretagne - Pays de la Loire
Crédit :Yann Launay
Notez que la Banque alimentaire sera présente la semaine prochaine au SPACE, le salon international de l'élevage, pour trouver de nouvelles sources d'approvisionnement directement auprès des agriculteurs.
La collecte nationale des Banques alimentaires aura lieu le dernier week-end de novembre. Il est bien évidemment possible de faire un don sans attendre cette date, sur le www.banquealimentaire.org